vendredi 29 mars 2019

Devin Townsend - Genesis (Extrait album Empath 2019)

Avertissement: Musique carrément barrée de génie !!!

Devin Townsend se fait connaître en 1993 lorsque le guitar hero Steve Vai, le choisit comme chanteur sur l'album Sex And Religion ainsi que pour la tournée mondiale qui s'ensuit.
 Âgé de 19 ans, et originaire de Vancouver, c'est alors une formidable occasion pour un jeune musicien démarchant à l'époque les labels avec la demo de son groupe Noisescapes. C'est en 1995 qu'il commence à travailler en solo sur le projet Strapping Young Lad. Il reçoit le renfort du batteur Adrian White sur le disque Heavy As A Really Heavy Thing ainsi que sur l'album Pop Punk parodique Cooked On Phonics enregistré sous le nom de Punky Brüster. En 1997, c'est l'album Biomech qui sort sous la bannière d'Ocean Machine. Après coup, l'album est rebaptisé Ocean Machine et crédité sous le nom de Devin Townsend. Au fil des ans, Devin sort trois autres albums sous son propre nom, en parallèle de ceux de Strapping Young Lad. Il s'agit de Infinity, Physicist et Terria, enregistrés systématiquement avec des musiciens différents, tout comme le son de ces albums. Prolifique, il y a ajouté plusieurs albums sous le nom de Devin Townsend Band, groupe conçu comme projet parallèle à Strapping Young Lad, avec Accelerated Evolution (2003) et Synchestra (2006), et encore deux autres d'Electro à savoir Devlab (2004) et The Hummer (2006).
Musicien hyper créatif, perfectionniste et maniaque (il est de notoriété publique qu'il souffre de troubles bipolaires), Devin Townsend se signale depuis des années par sa capacité à expérimenter et créer un son dense et riche, empilant les couches instrumentales pour faire naître des atmosphères sans cesse renouvelées. Après un break dû à la naissance de son fils Reyner, et malgré ses déclarations appuyées sur son ras le bol de l'industrie musicale et son besoin de prendre du recul, il est tout récemment revenu avec Ziltoid The Omniscient, un nouvel album solo au concept cintré. En revanche, il semble que les aventures de Strapping Young Lad et Devin Townsend Band soient bel et bien terminées en ce qui concerne le canadien

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"Transcendence" a été le chant du cygne du Devin Townsend Project. Après une petite décennie d’existence, le groupe a été dissous par son créateur. Trop de tournées, trop de pression financière et surtout l’impression de se répéter, ce qui pour Devin Townsend est tout bonnement inenvisageable. Son génie créatif ne tolérant aucun compromis, seul un album solo pouvait étancher sa soif de composition. Ce n’est pas une première dans la longue carrière du Canadien qui n’a jamais sacrifié sa liberté artistique à une quelconque reconnaissance commerciale. En 2007, la dissolution de Strapping Young Lad, devenu pour Devin un carcan artistique, avait permis au musicien d’enregistrer en solo "Ziloïd The Omniscient", album déjanté devenu culte. Les années ont passé mais la folie créatrice de l’artiste est toujours aussi renversante et ce nouvel album, "Empath", est absolument prodigieux.

Si la musique pouvait définir la théorie du chaos, "Empath" en serait le théorème. Le titre ‘Genesis’ illustre à merveille ce postulat. Il est impossible de prédire la direction que va prendre la musique et pourtant sous son désordre apparent se cache un ordre strict qui obéit à un principe de composition réfléchi et assumé. Mélangeant allègrement musique de film inspirée de John Williams, blast beats déchaînés, chœurs aériens, metal progressif symphonique et solos de guitare débridés, Devin Townsend s’amuse comme un gamin qui colorie les espaces vides en dépassant volontairement les lignes pour signifier que sa liberté artistique n’a de sens que si elle casse les codes de composition. En six minutes de folie et d’humour, ‘Genesis’ trace les contours fractals de l’album et invite l’auditeur dans le monde musical multicolore et débridé de Devin l’omniscient.

"Empath" est un album somme, un kaléidoscope musical mélangeant toutes les influences et toutes les périodes musicales de Devin. Tout le génie du Canadien réside dans son extraordinaire capacité à assembler les éléments hétéroclites de son inspiration foisonnante pour résoudre le paradoxe de l’éclectisme et de la cohérence. De l’ultra-mélodique ‘Spirits Will Collide’ hérité de "Transcendence" à l’opératique ‘Why’ en passant par le symphonique ‘Requiem’ et par l’expérimental et atmosphérique ‘Borderlands’ et son incroyable intro reggae, Devin Townsend compose la bande originale de sa douce folie et laisse l’auditeur libre de voir défiler ses propres images mentales. Pour Devin, le metal n’est pas un genre musical mais une expérimentation permanente par laquelle tout devient possible : les riffs heavy fusionnent avec la comédie musicale (‘Evermore’) et l’electro pop (‘Sprite’), le black metal flirte avec la musique de film (l’énorme ‘Hear Me’) tandis que la voix angélique d’Anneke Van Giersbergen lâche prise sous les coups de boutoir de la double pédale.

"Empath" est une œuvre gigantesque composée d’une succession de montagnes russes dont le titre ‘Singularity’ est le point culminant. Véritable ascenseur émotionnel, cette pièce de vingt-trois minutes résume à elle seule l’ambition de l’album : faire coexister des styles différents sans jamais tomber dans la démonstration ni dans la caricature. Avec une précision chirurgicale, Devin alterne ballade pop, metal prog, comédie musicale, breaks electro, passage jazz rock et solos de guitare shred assurés par Steve Vai en personne, et entraîne l’auditeur dans un tourbillon multicolore, un arc-en-ciel dont les champs chromatiques semblent pouvoir se réfracter à l’infini à travers le prisme de l’imagination débridée de l’artiste.

En chef d’orchestre avisé, Devin Townsend a soigneusement sélectionné une pléiade d’artistes de haut vol pour participer à l’enregistrement de l’opus, parmi lesquels la fabuleuse chorale Elektra Women’s Choir, l’orchestre symphonique ukrainien Lords Of The Sound et pas moins de trois batteurs (Morgan Ågren, Anup Sastry et Samus Paulicelli) qui interviennent en fonction des différents styles abordés. Et surtout il a confié la direction musicale du projet à Mike Keneally (Frank Zappa, Joe Satriani) dont il faut saluer l’énorme travail de production pour aérer et rendre accessible à l’oreille le mur du son imposé par la multiplication des pistes enregistrées. Il est impossible de décrire avec des mots toute la richesse de cet album, énième pièce maîtresse dans la discographie pléthorique de Devin Townsend. Comme il est impossible de ne pas s’incliner devant autant de talent. "Empath" est un chef-d’œuvre à écouter encore et encore pour en découvrir toutes les subtilités, en attendant patiemment la suite annoncée de l’œuvre gigantesque de ce génie intarissable.



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