Au milieu de la confusion des guerres, des dissensions, des égoïsmes
implacables, la mort, élément majeur, est là. Les religions, des plus
anciennes aux plus récentes, ont conditionné l’homme en fonction de
dogmes, d’espoirs et de croyances qui fournissent à ce sujet des
réponses toutes faites. Mais la mort ne trouve pas de réponse dans la
pensée, dans l’intellect.
La mort est un fait qu’on ne peut pas contourner.
Il vous faut mourir pour savoir ce qu’est la mort, et c’est,
apparemment, quelque chose que l’homme ne peut pas faire, car il a peur
de mourir à tout ce qu’il sait, à ses espoirs et à ses visions les plus
intimes, les plus profondément enracinés.
Il n’y a, en réalité, pas de demain mais beaucoup de demains sont là,
entre le maintenant de la vie et le futur de la mort. L’homme vit avec
peur et angoisse dans cet intervalle séparateur bien qu’il ait les yeux
toujours ouverts sur l’inévitable. Mais il ne veut même pas en parler et
décore les tombes avec toutes les choses qu’il connaît.
Mourir à tout ce que l’on connaît - non pas à une forme particulière de
connaissance mais à tout le connu - c’est cela la mort. Inviter le futur
- la mort - à assumer tout l’aujourd’hui, c’est la mort totale ; alors
il n’y a plus de fossé entre vie et mort. Alors mourir c’est vivre et
vivre c’est mourir.
Cela, apparemment, est ce que personne n’a envie de faire. Et pourtant
l’homme est toujours à la recherche du neuf, tenant toujours ce qui est
vieux dans une main, l’autre main tâtonnant dans l’inconnu, en quête du
neuf. Il en résulte le conflit inévitable d’une dualité - le moi et le
non-moi, l’observateur et l’observé, le fait et ce qui devrait être.
Ce tumulte cesse complètement avec la fin du connu. Cette fin est la
mort. La mort n’est pas une idée, un symbole, mais une affreuse réalité à
laquelle vous ne pouvez pas échapper en vous accrochant aux choses
d’aujourd’hui, qui sont d’hier, ou en adorant le symbole de l’espoir. On
doit mourir à la mort ; alors seulement naît l’innocence, alors
seulement le neuf intemporel entre en existence. L’amour est toujours
neuf et le souvenir de l’amour est la mort de l’amour.
Krishnamurti La révolution du silence. 1969
Et la mort vient à chacun. Nous sommes tous debout dans la file
d'attente et la file d'attente vient continuellement plus près de la
mort. Cette femme a disparue, la file d'attente diminue, elle a fait de
la place pour une personne de plus.
Chaque personne qui meurt vous rapproche plus près de votre propre mort,
ainsi chaque mort est essentiellement votre mort. A chaque mort, l'on
meurt et s'approche un peu plus près de l'arrêt complet. Avant que cela
n'arrive, l'on doit devenir aussi conscient que possible.
Chaque fois que quelqu'un meurt, quelqu'un avec qui vous avez été
profondément proche, quelqu'un avec qui vous avez été très intime, avec
qui vous avez été heureux et malheureux, triste et fâché, quelqu'un avec
qui vous avez connu toutes les saisons de la vie et qui est d'une façon
ou d'une autre devenu une part de vous et dont vous êtes devenu une
part de lui ou d'elle, lorsque quelqu'un comme cela meurt, c'est non
seulement une mort qui arrive à l'extérieur, c'est aussi une mort qui
arrive à l'intérieur. Cette personne habitait une part de votre être,
ainsi lorsqu'elle meurt, cette part dans votre être meurt aussi. Elle
accomplissait quelque chose en vous, elle disparaît et des blessures
restent.
Nous avons beaucoup de vides dans notre être. À cause de ces vides nous
cherchons la compagnie de l'autre, l'amour de l'autre. Par la présence
de l'autre nous réussissons d'une façon ou d'une autre à remplir ces
vides.
Osho, Extrait de: The Passion for the Impossible
Voyez-vous, on ne craint la mort que
lorsqu’on s’accroche à la vie. Comprendre le procesus total de la vie
c’est aussi comprendre le sens de la mort. La mort n’est que
l’extinction d’une continuité et nous avons peur de ne pas pouvoir nous
prolonger ; mais ce qui se perpétue ne peut jamais être créatif.
Pensez-y. Découvrez par vous-même la vérité de cette affaire. C’est la
vérité qui délivre de la peur de la mort, non vos théories religieuses,
votre croyance en la réincarnation ou en un au-delà.
Krishnamurti. Face à la vie 1990
La majorité des personnes aujourd'hui
sont accoutumées à occulter la pensée de leur mort. Et même lorsque nous
constatons le fait que d'autres personnes décèdent, nous n'essayons
jamais de nous imaginer à leur place. Nous nous rassurons en nous disant
que même si cela va nous arriver, c'est encore très loin.
Si chacun de nous se demande maintenant: “quand vais-je mourir?” — les
dates seront très éloignées, bien que théoriquement chacun sache que les
gens meurent à n'importe quel âge.
Ainsi, don Juan suggérait que nous nous imaginions que la mort est
toujours avec nous. Et que si l'on regarde rapidement en arrière,
au-dessus de notre épaule gauche, il est possible d'attraper un aperçu
de la mort. “À ce moment, la mort se repose à côté de toi sur le même matelas, attendant une erreur”,
dit-Il à Castaneda. Et personne ne sait à quel moment il ou elle va
mourir; c'est pourquoi nous ne devrions avoir aucun travail inachevé.
“… Comment peut-on se sentir si important quand nous savons que la mort nous guette?
… La chose à faire quand vous êtes impatients est de vous tourner vers
la gauche et de demander conseil à votre mort. Une immense quantité de
futilité sont abandonnées si votre mort vous fait un geste, ou si vous
attrapez un aperçu de celle-ci, ou si vous avez juste le sentiment que
votre compagne est là qui vous observe.
La mort est une sage conseillère que nous avons… On… doit lui demander
conseil et laisser tomber les satanées futilités qui appartiennent aux
hommes qui vivent leurs vies comme si la mort ne les attraperait jamais!
Le guerrier sait que sa mort approche et ne lui donnera pas le temps de
s'accrocher à quoi que ce soit… Et ainsi avec conscience de sa mort… et
avec le pouvoir de ses décisions un guerrier détermine sa vie d'une
façon stratégique… et ce qu'il choisit est toujours stratégiquement le
meilleur; et ainsi, il exécute tout ce qu'il doit avec un enthousiasme
et une vigoureuse efficacité! Sans conscience de la mort, tout est
ordinaire, insignifiant. C'est seulement parce que la mort nous traque
que le monde est un mystère insondable."Et ainsi avec une
conscience de sa mort, avec son détachement et avec le pouvoir de ses
décisions, un guerrier place sa vie de façon stratégique.Sa mort le
conseille, de manières mystérieuses, à savoir comment choisir, comment
vivre stratégiquement. Et le guerrier attend. Je dirais que le guerrier
apprend sans hâte, parce qu'il sait qu'il attend son destin.
Et un jour, il accomplit quelque chose qui est d'habitude tout à fait
impossible à accomplir. Il peut même ne pas s'apercevoir de ses
extraordinaires actions. Mais pendant qu'il continue à exécuter des
actes impossibles, ou pendant que des choses impossibles continuent de
lui arriver, il se rend compte qu'une sorte de pouvoir émerge.
Nous sommes des hommes et notre sort est d'apprendre et d'être lancé vers de nouveaux mondes inimaginables.
Castenada
Source: Au bout de la route
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