Pourquoi s’examine-t-on ? Pour s’améliorer, pour se modifier, pour
changer. Vous vous livrez à l’introspection afin de devenir quelque
chose, sans quoi vous n’y passeriez pas tant de temps. Vous ne vous
examineriez pas si vous n’aviez pas le désir de vous modifier, de
changer, de devenir autre chose que ce que vous êtes. Ce désir est la
raison évidente de l’introspection. Je suis coléreux et je m’examine
afin de me débarrasser de la colère, ou de la modifier, ou de la
changer. L’introspection est l’expression du désir de modifier ou de
changer les réactions et les réponses du moi ; elle a donc toujours un
but en vue, et lorsque ce but n’est pas atteint, l’on est de mauvaise
humeur et déprimé.
Il en résulte que l’introspection s’accompagne invariablement d’un état
dépressif. Je ne sais pas si vous avez remarqué que lorsque vous êtes
d’humeur à vous livrer à l’introspection, vous subissez toujours une
vague de dépression. Il y a toujours cette vague d’humeur chagrine
contre laquelle vous bataillez de sorte que vous devez vous réexaminer
afin de surmonter cette humeur, et ainsi de suite.
La lucidité est l’observation sans condamnation. La lucidité engendre la
compréhension, car elle ne comporte ni condamnation ni identification,
mais une observation silencieuse. Si je veux comprendre quelque chose,
je dois évidemment l’observer, je ne dois pas critiquer, je ne dois pas
condamner, je ne dois pas le poursuivre comme étant un plaisir ou
l’éviter comme étant un déplaisir. Il faut qu’il y ait simplement la
silencieuse observation d’un fait. Il n’y a pas de but en vue, mais une
perception de tout ce qui survient. Cette observation, et la
compréhension de cette observation cessent lorsqu’il y a condamnation,
identification ou justification. L’introspection est une amélioration de
soi, et par conséquent l’introspection est égocentrique.
La lucidité n’est pas une amélioration de soi. Au contraire, c’est la
fin du moi, du je avec toutes ses idiosyncrasies, ses particularités,
ses souvenirs, ses exigences, ses poursuites. Dans l’introspection, il y
a identification et condamnation. Dans la lucidité, il n’y a ni
condamnation ni identification ; par conséquent, il n’y a pas
d’amélioration du soi : il y a une immense différence entre les deux.
Être lucide c’est comprendre les activités du moi, du « je » dans ses rapports avec les gens, avec les idées, avec les choses. Cette lucidité est d’instant en instant et, par conséquent, n’est pas obtenue par des exercices. Lorsque vous vous exercez à une chose, elle devient une habitude ; et la lucidité n’est pas une habitude. Un esprit routinier n’est plus sensitif, un esprit qui fonctionne dans l’ornière d’une action particulière est obtus, n’a pas de souplesse ; tandis que la lucidité exige une continuelle souplesse, une grande vivacité.
Krishnamurti - De la connaissance de soi
Être lucide c’est comprendre les activités du moi, du « je » dans ses rapports avec les gens, avec les idées, avec les choses. Cette lucidité est d’instant en instant et, par conséquent, n’est pas obtenue par des exercices. Lorsque vous vous exercez à une chose, elle devient une habitude ; et la lucidité n’est pas une habitude. Un esprit routinier n’est plus sensitif, un esprit qui fonctionne dans l’ornière d’une action particulière est obtus, n’a pas de souplesse ; tandis que la lucidité exige une continuelle souplesse, une grande vivacité.
Krishnamurti - De la connaissance de soi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.