lundi 21 octobre 2013
Spirale
La spirale figure la permanence de la vie «rien ne meurt tout est vivant». et l’accomplissement de soi. Elle résulte d’un phénomène naturel, produit d’une force circulaire centrifuge ou centripète. En cela, elle est associée au cercle et au labyrinthe.
Dans la nature, dans l’univers, la spirale est une constante, une de ses formes innées que l’on retrouve partout, des chaînes d’acide désoxyribonucléiques, jusqu’aux galaxies: de l’infiniment petit à l’infiniment grand.
Cette constante n’a pas échappé à nos ancêtres qui faisaient corps avec leur milieu naturel, comme l’ont cherché à le faire à leur tour les Francs-Maçons, dans une perspective philosophique naturaliste de l’Univers pour l’essentiel, afin d'accéder à la connaissance du Grand Architecte de l’Univers. C’est ainsi, que dans toute l’Europe, on a retrouvé des mégalithes sur lesquels étaient gravées des spirales, témoignage déjà d’une croyance en l’au-delà et en la vie permanente, la spirale étant en effet une figure d’un mouvement évolutif sans fin.
La spirale centrifuge qui éloigne du centre du cercle est aussi bien un principe de vie, c’est à dire de la formation et de l’évolution de la vie sur Terre qu’un Emblème de la vie éternelle. Ainsi, la vie et la mort, ou la vie au-delà la vie, ont fini par former un tout, relevant d’un même processus symbolisé par la spirale.
La spirale centrifuge évoque donc le cercle et son centre, mais du fait même qu’elle figure un mouvement constant, partant du centre du cercle, elle sort du cercle de vie et révèle un mouvement qui va au-delà du monde visible, dans le monde non visible. Elle est donc aussi en analogie avec la roue, et l’on comprend pourquoi elle est également une représentation de la course du soleil, de la lune, et de l’impermanence des choses.
La spirale centripète : de l’extérieur vers l’intérieur, évoque cette fois-ci le chemin de la vie ou la destinée d’un être à partir d’un point extérieur pour aller vers le centre. Nous sommes alors dans l’univers symbolique du labyrinthe, c’est-à-dire du trajet que l’homme doit accomplir pour aller vers son centre, vers lui-même, ramenant cette fois tout à lui, rassemblant toutes les composantes de sa personnalité, tout ce qu’il est tout ce qu’il fait vers un point central, sans doute originel. Il s’agit alors d’une spirale figurant l’accomplissement de soi, le mouvement qu’il doit produire en lui-même pour revenir à sa situation originelle. C’est la spirale du retour sur soi. C’est tout simplement rassembler ce qui est épars.
LA DOUBLE SPIRALE
L'Oeuf du Monde, symbole du Principe à la source de la manifestation, est commun à nombre de traditions. En particulier, dans les traditions égyptienne et celtique, un serpent enroulé autour de l'Oeuf offre, comme nous allons le voir, une représentation de la double spirale.
Les anneaux du serpent représentent l'ensemble des cycles de la manifestation universelle. Chaque cycle reflète un état de manifestation ou l'une de ses modalités. La fin d'un cycle coïncide avec le début du suivant, c'est-à-dire que la mort d'un cycle survient toujours avec la naissance d'un autre. En conséquence, les changements dans les états manifestés peuvent être mesurés le long d'un axe vertical qui traverse chaque anneau ou cycle en son centre, là où tous les aspects propres à l'état considéré sont en parfait équilibre, en parfaite harmonie. Cet axe, appelé Axe du Monde, symbolise la direction de la manifestation de l'Être ou de l'Unité Primordiale.
Tous les états de manifestation ou cycles proviennent du Principe indifférencié et y retournent après leur plein développement. En conséquence, ils se présentent comme sur le diagramme illustrant cet article où chaque cycle est généré et absorbé par le point principiel situé au centre d'une sphère (en pointillés). En effet, l'Unité Primordiale contient tout en principe et ne peut devenir autre chose qu'elle-même car cela impliquerait une dualité du Tout.
Selon ce diagramme, deux mouvements inverses ont lieu. Les cycles peuvent soit se répandre à partir du point principiel intérieur vers la surface extérieure de la sphère soit se contracter de la surface extérieure au centre intérieur ou point principiel. En fait, les deux mouvements reflètent deux aspects d'une unique force liée à l'être
* Le point de vue métaphysique ou la sortie du monde non manifesté vers le monde manifesté qui correspond à une corporification de l'Esprit.
* Le point de vue cosmologique du retour du monde manifesté vers le monde non manifesté qui exprime une spiritualisation du corps.
Ce mouvement alternatif de la mort d'un monde et de la re-naissance d'un autre, au sens très large des termes, correspond aux processus de “condensation-dissipation” de la tradition taoïste ou aux opérations de “coagulation-dissolution” propres à la tradition hermétique.
Une telle force peut être comparée, au niveau de l'individu, aux deux phases de la respiration (expiration-inspiration) ou de la pulsation cardiaque (diastole-systole). Au plan du monde cosmique, les couples évolution-involution et développement-enveloppement ont le même sens. En effet, le macrocosme et le microcosme se reflètent l'un l'autre et tout ce qui se trouve dans l'univers se retrouve dans l'être humain en fonction d'une analogie appropriée. Cependant, la force unique se rapporte au symbolisme de l'Oeuf du Monde qui concerne principalement le macrocosme ou le monde cosmique et sera dénommée par la suite force cosmique.
Polarisation de la force cosmique
Dans les différentes formes traditionnelles, la sortie dans le monde manifesté s'opère généralement sous l'influence ou l'attraction terrestre et le retour vers le Principe indifférencié sous l'influence ou l'attraction céleste. Aussi, l'Oeuf du Monde est-il souvent scindé en deux moitiés représentant ce que la tradition chinoise dénomme le Ciel et la Terre. Et les deux courants inverses de la force cosmique peuvent être symbolisés par un unique serpent enveloppant l'oeuf, appelé amphisbène, pourvu d'une tête à chacune des extrémités, elles-mêmes enroulées dans des sens opposés. Les deux têtes correspondent aux pôles céleste et terrestre de la force cosmique.
Comme le Ciel est généralement associé à la lumière (yang) et la Terre à l'obscurité (yin), les deux hémisphères de l'oeuf peuvent être distingués par leur couleur blanche et noire. Coupées le long de leur ligne de démarcation, les deux moitiés peuvent être déposées sur leur surface plane, l'une à côté de l'autre, reliées uniquement par l'enroulement extérieur ou cyclique. Les deux hémisphères fournissent alors une image de la double spirale qui reflète le rythme alternatif de la manifestation composé de deux phases. Un mouvement descendant du Ciel vers la Terre ou de la mort de l'Esprit à la vie corporelle et un mouvement ascendant de la Terre au Ciel ou d'une mort corporelle symbolique à une re-naissance spirituelle. Les deux points autour desquels la double spirale s'enroule sont bien entendu les deux pôles. Voir le diagramme ci-dessous.
La double spirale fournit une représentation de la force cosmique unique agissant dans des directions opposées sur les deux pôles. Tout cela est en étroite relation avec les deux sens de rotation du swastika qui montrent une même révolution vue du pôle céleste ou terrestre. Comme l'influence combinée du Ciel et de la Terre s'exerce dans des sens opposés, chaque opération de “dissipation” ou de “dissolution” à l'un des pôles s'allie avec une opération de “condensation” ou de “coagulation” à l'autre pôle afin de maintenir un équilibre d'ensemble.
La double influence du Ciel et de la Terre ne traduit rien d'autre que la complémentarité du yin et du yang, respectivement associés aux phases descendante et ascendante. Il est aisé de voir, qu'au sein du symbole yin-yang, la double spirale correspond à la ligne de démarcation entre les zones claire et sombre. De plus, le point noir dans la partie blanche ainsi que le point blanc dans la partie noire représentent les deux pôles.
Le rythme alternatif du yin et du yang, des phases descendante et ascendante, de la sortie et du retour peuvent difficilement être mieux décrites que dans le symbole du yin-yang. L'ordre des deux phases dépend de l'état pris en compte comme point de départ.
Partir d'un état non manifesté et se mouvoir vers un état manifesté signifie que le yin vient en premier; le yang suivra lors du retour vers le non manifesté. Cela explique pourquoi le pôle à l'intérieur de la partie sombre du symbole est représenté par un point blanc.
Inversement, lorsque l'état manifesté constitue le point de départ en direction du non manifesté, le yang doit prévaloir et le yin être associé à un mouvement ultérieur vers un autre état manifesté comme l'indique le pôle noir au sein de la partie blanche.
En conséquence, le yang est présent dans la phase descendante qui est yin; de même, le yin ne peut être omis dans la phase ascendante qui est yang. Même distinguées, les deux phases descendante et ascendante agissent de concert. Il n'y a pas de yin sans yang ni de yang sans yin. Exprimé autrement, les dix mille êtres, symbolisant la manifestation universelle, sont modifiés par le yin et le yang, depuis leur apparition dans le manifesté jusqu'à leur retour dans le monde non manifesté.
Séparaion des courants de la force cosmique
Lorsque les deux courants inverses de la force cosmique sont non seulement distingués comme dans l'amphisbène, mais également séparés, ils peuvent être représentés sous la forme de deux serpents enroulés dans des sens opposés autour d'un axe commun comme dans le caducée.
La légende dit que Hermès (Mercure en latin) vit deux serpents se battre (image du chaos originel) et qu'il les sépara (scission des opposés) avec un bâton (axe le long duquel le chaos va s'ordonner et devenir le cosmos). Puis, les deux serpents s'enroulèrent autour du bâton dans des sens opposés (équilibre de deux forces opposées opérant symétriquement par rapport à l'Axe du Monde). Le caducée est un attribut caractérisant les deux fonctions d'Hermès: le messager des dieux associé à la phase descendante et le psychopompe transportant les humains d'un état d'être à un autre au cours de la phase ascendante.
En tant qu'emblème médical, le caducée fait référence aux deux aspects de la force cosmique représentés par les deux serpents reliés aux phases descendante et ascendante. Ainsi, la médecine hermétique se fonde sur les opérations de “coagulation” et de “dissolution”. Dans la médecine chinoise, la “condensation” et la “dissipation”, liées aux forces du yin et du yang, jouent un rôle similaire.
Représenté par un unique serpent enroulé autour du bâton d'Esculape comme sur la figure ci-contre, l'emblème fait essentiellement référence à la phase ascendante qui mène les êtres humains vers des états supérieurs. Cette représentation explique pourquoi, dans les temps anciens, la médecine relevait de l'art sacerdotal et non du pouvoir temporel.
La double opération de “coagulation-dissolution” correspond exactement à ce que la tradition chrétienne dénomme le pouvoir des clés. Un pouvoir double car il recèle la capacité de “lier” et “délier”, équivalent à “coaguler” et “dissoudre”. Ce pouvoir appartient à deux clés relevant de deux ordres différents. Une clé d'or propre au pouvoir spirituel et une clé d'argent en relation avec l'ordre temporel. Les deux clés, chacune dans leur domaine respectif, ont le double pouvoir de “lier” et “délier”, mais dans des proportions différentes. En effet, le pouvoir de “lier” prévaut dans le domaine temporel et celui de “délier” dans la sphère spirituelle, de sorte que les deux clés sont yin et yang l'une par rapport l'autre. Aussi, dans la représentation la plus commune, les deux double spirales, associées aux deux clés, sont plutôt croisées que parallèles et évoquent le swastika.
Une étroite connexion avec le symbole de Janus (de “janua” qui signifie porte), le dieu romain de l'initiation aux deux visages, peut être signalée à ce propos. Ici, la clé d'argent (ou le sceptre) et la clé d'or ont chacune le double pouvoir “d'ouvrir” et de “fermer” les portes d'accès respectivement aux “petits mystères” et aux “grands mystères”
* Les “petits mystères” consistent en une ré-génération psychique produisant un individu centré. Comme il appartient toujours à l'ordre temporel, cette initiation ne peut être associée qu'à la double spirale horizontale.
* Les “grands mystères” donnent accès au monde spirituel, domaine des possibilités supra-individuelles. N'impliquant aucun retour vers le l'état humain, cette initiation ne peut être liée qu'à la double spirale verticale.
“Ouvrir” et “lier” correspondent à un mouvement yin, “fermer” et “délier” à un mouvement yang. En effet, après avoir ouvert la porte donnant accès à un cycle et l'avoir accompli, l'être humain re-naît dans un nouveau cycle, sans possibilité de retour au précédent. Il voit, par conséquent, la porte se fermer derrière lui.
Dans la tradition hindoue, les deux courants de la force cosmique sont représentés par le “Brahma-danda” ou le bâton brahmanique composé de deux hélices enroulées dans des sens opposés autour d'un axe vertical symbolisant, comme toujours, l'Axe du Monde. Les deux hélices se rencontrent le long de l'axe en sept lotus ou noeuds qui doivent être dénoués pour atteindre la pleine Connaissance.
Au pouvoir des clés correspond dans la tradition hindoue le double pouvoir du vajra. En tant que symbole de la foudre, il possède un pouvoir sous les deux aspects opposés ou plutôt complémentaires de “génération” et de “destruction”. Génération d'un nouveau cycle ou vie; destruction d'un cycle précédent ou mort. Dans sa représentation la plus répandue, les deux extrémités se terminent par trois flammes: la flamme centrale correspond à l'axe, les deux latérales aux courants de la force cosmique. Tenu verticalement en tant qu'attribut sacerdotal, il représente l'Axe du Monde reliant le Ciel et la Terre ou la “Voie du Milieu”. Tenu incliné d'un côté ou de l'autre, il dépeint les voies tantriques de droite et de gauche, de la dévotion à la Déesse et de l'union des êtres, et forme un swastika.
Une signification similaire se retrouve dans la mythologie grecque avec le trident de Poséidon ainsi que dans la tradition nordique et le marteau de Thor.
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