mercredi 26 août 2015

Le temps s'en allait



Ce matin j'ai joué aux billes
J'ai couru les filles
J'ai pris tout mon temps

J'ai accroché mon coeur
Aux épines de fleurs
Et j'ai gagné souvent


Ce soir, je pousse de ma canne
Les feuilles des platanes
Sous les bancs de ciment

Dans les odeurs de cigares
Et le bruit des guitares
De mes petits enfants

Je courais, je courais, je courais
Et le temps s'en allait
Je courais, je courais...

Et tout le temps que je passe
Assis à la mÍme place
Juste à bouger les yeux

Avec mes vieilles rengaines
Mon écharpe de laine
Même quand le ciel est tout bleu

Toujours la voix qui s'embrume
La crainte du rhume
Ou le bruit des avions

Et dans le froid qui s'approche
J'ai peur que les cloches
Chantent bientôt mon prénom

Je courais, je courais, je courais
Et le temps s'en allait
Je courais, je courais

Toi, mon enfant que j'aime
Toi qui a tant de peine
Assieds-toi un moment

Quels que soient ceux qui te quittent
Dis-toi que le temps passe vite
Et que la poussière t'attend

Tu vois ces bras de misère
On fait le tour de la terre
Pour une fille de chez nous

Ils ont fait sauter les tables
Et des plages de sable
Et des hordes de loups

On était tellement bien
On était tellement loin
Qu'on était presque perdus

On était tellement haut
Et tellement beaux
Qu'on ne se reconnaît plus

On courait, on courait, on courait...
Et le temps s'en allait...

Ce matin j'ai joué aux billes
J'ai couru les filles
J'ai pris tout mon temps

J'ai accroché mon coeur
Aux épices de fleurs
Et j'ai gagné souvent

Ce soir, j'ai plus de problèmes
Tout le monde m'aime
Mais c'est pas pareil qu'avant...

Parce qu'il y a le bout de ma canne
Les feuilles des platanes
Et c'est l'automne tout le temps

Toi mon enfant que j'aime... 
Françis Cabrel

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