Voici
venu le moment où notre centrage – entendez par là notre capacité à
demeurer au centre de nous en conscience de qui nous sommes – va devoir
faire ses preuves.
L’extérieur
reflète bien les divisions intérieures. Ce qui se met en place dans la
manipulation des foules, soigneusement planifié depuis très longtemps,
est arrivé dans une nouvelle phase de déstabilisation qui amène dans un
premier temps l’être dans un état de réactivité émotionnelle. A ce
stade, par pure identification, un egrégore puissant est créé qui
nourrit les êtres qui l’ont voulu au plus haut niveau. Ceux nombreux qui
s’identifient un peu partout aujourd’hui savent-ils vraiment ce à quoi
ils s’identifient en brandissant une pancarte commune ? Les évènements
qui se succèderont auront pour objectif d’attiser la division – donc le
sentiment de séparation – jusqu’à la haine. A cet ultime stade, l’être
touche inconsciemment au désespoir du sentiment de séparation et cherche
alors à adhérer au groupe qui le sécurisera. C’est là que le nouvel
ordre tant attendu par ceux qui l’ont fomenté pourra se mettre en place
avec le soutien ignorant du plus grand nombre. L’adhésion ou la non
adhésion au groupe déterminera notre liberté.
J’ai parlé il y a quelques années (déjà…) du chas de l’aiguille
par lequel nous sommes en train de nous faufiler. Que ce chas est
étroit… C’est une sacrée cure d’amaigrissement de l’égo qu’il nous a
fallu tous entreprendre. Pour autant, n’oublions pas que l’égo est une
baudruche multivalves toujours prompte à se regonfler par là où on
l’attend le moins (voir ici).
Nous qui avons entrepris de nous libérer devons nous revisiter en
profondeur maintes fois et toujours sous les angles inédits que notre
Soi supérieur nous propose au quotidien. Tel est le chemin de la
connaissance de Soi. Je devrais dire, tel est LE chemin. Il n’y en
finalement pas d’autre que celui de la connaissance de Soi, car là tout
se trouve, là tout se révèle, là s’offre la vision éclairée de toute
chose, là se découvre voile après voile le sens de l’unité et l’illusion
de la séparation.
Parce que
finalement nous ignorons qui nous sommes réellement alors que nos peurs
nous séparent, nous nous identifions toujours à quelque chose dont nous
épousons la cause et nourrissons la croyance par notre adhésion. Nous
ne pouvons au mieux que nous défaire de ces peaux que nous revêtons, au
fur et à mesure d’une meilleure connaissance de nous. Ce qui implique
donc d’avancer non à travers de nouvelles identifications qui se
présenteraient sur le chemin – et il va s’en présenter encore – mais en
nous dépouillant pour n’être qu’un observateur lucide et attentif qui
nourrit sa maîtrise non par la recherche extérieure à laquelle il
s’identifierait encore, mais dans l’espace intime de son être où l’amour
de toute chose réside. Là il peut véritablement agir en conscience, si
cela lui est demandé ou si cela naît d’un plaisir nourrissant pour son
âme. Être dans ce monde mais pas de ce monde.
L’amour
n’est pas ce concept mielleux souvent véhiculé au sein des adeptes du
New Âge et qui n’est rien d’autre qu’une stratégie d’évitement de ses
douleurs, propice à nous éloigner de notre libération de la matrice à
laquelle nous avons adhérée. L’amour n’a rien de mielleux, c’est la
force suprême, parfois impitoyable, qui régit la Création et dont nous
ne sommes en aucun cas séparés. Il réside en nous et ne demande qu’à
rayonner, malgré les blessures et les peurs qui le masquent, nécessitant
de ne pas brûler les étapes.
L’épée
de lumière ne se brandit pas avant d’avoir été forgée, nombre de
pèlerins l’ont oublié et se nourrissent de l’illusion de la brandir,
souvent à travers la force du groupe, qui s’autovalide par son souci
permanent de cohésion pour maintenir sa force et son pouvoir, et dont il
convient pourtant de se défaire (lire Michael Brown).
Je l’ai dit et redit et le répète encore, c’est un chemin éminemment
solitaire, où les aides sont acceptables tant que l’on ne joue pas le
jeu de l’adhésion au chemin d’autrui, tant que l’on n’est pas dupe des
jeux de pouvoir plus ou moins conscients qui s’exercent en toute
communauté qui éprouve le besoin d’elle-même. De même, vouloir aider
autrui d’après ce que l’on croit et même si on nous le demande ne nous
oblige pas à nous investir d’un rôle d’enseignant ni encore moins de
marchand et ne nous astreint pas non plus à devoir présenter une image
de l’impeccabilité.
Nous
sommes de passage et rien d’autre que de passage. Est-ce pour laisser
une trace en ce monde ? Non. Seuls les égo espèrent qu’on se souviendra
d’eux. Nous passons pour ne laisser justement aucune trace, aucune
empreinte, rien qui nous enferme une fois de plus ici-bas.
Si
nous nous défaisons de nos programmes en ce périple très formateur,
nous devenons une faille par laquelle s’engouffre l’inconnu au cœur d’un
hologramme défini par l’adhésion que la communauté humaine lui accorde.
Ce qu’est cet inconnu n’est rien d’autre que l’amour débarrassé des
conventions humaines à son sujet et des croyances que nous avons de le
voir rayonner là où seuls nos espoirs maquillent son absence. Même là
pourtant, dans le vif de la blessure, l’amour n’est pas absent, il
épouse au plus juste le jeu de rôle qui convient pour nous conduire à le
révéler.
Nous sommes filles et fils
de la Terre et du Ciel, nous sommes le Haut et le Bas, le Très Haut et
le Très Bas, unis dans la forme et au-delà de toute forme. Nous avons
donné des noms pour jouer le jeu de l’identification et là nous avons
commencé à nous séparer. Nous sommes des fractions illustrant une part
séparée du Tout dans une matrice pratiquement close qui est notre
terrain de jeu. Nous y créons tout en inconscience jusqu’à apprendre à
créer tout en conscience. L’expérience peut potentiellement s’arrêter
pour chacun à tout moment. Elle va de toutes façons s’arrêter dans cette
forme pour tous d’ici peu, et s’il est certain que chacun vivra ce
qu’il appelle à lui selon ce qu’il vibre, quiconque en revanche affirme
pour tous comment les choses se dérouleront n’est lui-même que la proie
de son égo qui œuvre inconsciemment à créer sa réalité en espérant la
projeter sur autrui.
Collectivement,
c’est à dire pour tous ceux qui adhèrent à une croyance de communauté et
vibrent à l’unisson avec elle, quelle que soit la taille du groupe, la
philosophie exprimée ou les peurs sous-jacentes qui maintiennent sa
cohésion, c’est la croyance dominante du groupe – l’égrégore – qui
déterminera leur vécu. Individuellement, pour les êtres qui ont
suffisamment cheminé pour ne plus léguer leur pouvoir à autrui – autrui
étant un groupe, un gourou, une religion, un parti politique, un Etat,
une lignée, leur femme, leur mari, leur père, leur mère, leur voisin… –
et qui ne s’identifient plus à une empreinte – des mémoires, des
traumas, un sentiment d’appartenance, des résurgences émotionnelles… –
pour ceux-là personne ne peut dire ce qu’il adviendra car à ce stade
chacun suit librement son propre trajet. Seul l’égo cherche toujours à
prévoir, sur le lit de ses peurs encore vivantes.
L’adhésion,
c’est la version de l’identification de celui qui nourrit sa dépendance
dans le soutien d’autrui. Celui-là cherche seulement la main qui le
conduit et le rassure, l’aile sous laquelle il se sent plus en sécurité.
Celui-là donne son pouvoir, devient dépendant et se ferme à sa voie de
libération, croyant que l’autre, le groupe, le retour d’un Messie, le
nouvel ordre mondial, l’arrivée des frères des étoiles ou l’intervention
de je ne sais quelle Fraternité travaillant pour eux, va l’entraîner
dans son sillage. Ca n’est pas faux, sauf que c’est le sillage d’un
chemin ne menant pas là où il croit aller. L’adhésion, c’est aussi celle
à un système de pensée ayant sa forme de logique, une croyance. A
nouveau on est de ce monde et pas seulement dans ce monde.
Identification et retour à la case départ. Tout se façonne autour de
cela. Il ne s’agit pas de fuir toute adhésion à ce qui nous semble
sonner juste chez autrui, ce serait absurde et d’ailleurs contradictoire
car de quoi encore aurait-on peur ? Il s’agit de ne pas disperser notre énergie et de ne pas faire de cette adhésion une identification, ni de la prolonger en un refuge collectif. (lire Krishnamurti).
En
ce subtil jeu de mikado que nous démêlons, tout est l’occasion d’aller
au contact le plus intime de ce que nous ressentons derrière ce que nous
croyons ressentir. C’est un examen qui demande de la fermeté avec soi,
beaucoup de rigueur et qui n’est pas toujours facile car c’est un exercice dont la difficulté est proportionnelle à la force du mental qui s’y oppose.
Mais il n’y a pas d’autre manière de faire qui ne soit trompeuse et
matière à alimenter notre mental au détriment de l’ouverture de notre
cœur.
Lorsqu’on touche à nos
blessures primordiales nous avons grand mal à exercer notre
discernement, nous perdons de notre lucidité, nous nous masquons la
réalité de ce qui reste encore en nous et que l’on croyait guéri et, à
fortiori, ce que nous n’avions pas encore vu. Au mieux, nous nous
contentons alors d’analyser avec justesse ce qui se passe, mais
seulement jusqu’au degré qui précède la pleine lucidité, tout en croyant
avoir totalement approfondi le sujet. J’en sais moi-même quelque chose
pour avoir l’avoir vécu et le vivre encore régulièrement. Comment éviter
cela ? Peut-être justement en ne s’identifiant pas à ce que nous
croyons alors de nous en cet instant, en acceptant d’envisager que nous
ne sommes pas allés assez loin dans notre exploration, en jouant le jeu
de déceler le voile qu’il reste à lever alors que nous avons
l’impression qu’il n’y en a plus. Bref, en n’étant sûr de rien et en
l’acceptant sereinement, jusqu’à remettre si nécessaire en cause nos
fondements.
Nous
sommes une énergie toujours en mouvement et par nature propre à capter
tout ce qui nous traverse, sous forme de ressentis, de pensées, de
sentiments, parfois de visions ou d’autres perceptions
extrasensorielles. Qu’est-ce là-dedans qui nous appartient vraiment ? Et
d’ailleurs quelque chose nous appartient-il vraiment ? Sommes-nous un tant soit peu ce qui nous traverse ? Pouvons-nous
juste vivre le sentiment d’être là et accepter que nous n’en savons pas
plus ? A partir de là pouvons-nous juste ressentir la simplicité de
notre condition empêtrée par tant de constructions issues de notre
ignorance des mécanismes profonds de la vie, de nos souffrances et de
nos conditionnements qui sont autant de programmes implantés sur notre
virginité primordiale ? Pouvons-nous finalement être le virus qui va
désactiver définitivement tous ces programmes ? Juste en retrouvant le
chemin de notre innocence ?
Notre
innocence n’est pas loin, elle est juste brouillée par l’illusion faite
d’identification et d’adhésion que nos programmes ont créée dans leur
virtualité. Il n’y a aucune différence entre ce que nous avons vécu
jusque-là et ce que vit un adolescent addict au jeu vidéo qui hante ses
jours et ses nuits. Comme nous à un autre niveau, il est totalement
identifié à son rôle dans le jeu et adhère totalement à la réalité de
cet univers et de ses règles, au point de n’accorder au reste que la
valeur d’une parenthèse en-dehors de la réalité.
Aujourd’hui
plus que jamais, grâce à l’énergie dont nous bénéficions dans cette
zone de l’espace que notre système solaire traverse, nous avons la
capacité de sortir de l’illusion, pour peu que nous acceptions de
poursuivre en nous avec ténacité, rigueur et sans concessions, mais
toujours avec bienveillance, tout espace d’inconscience qui se manifeste
à travers nos attitudes, nos paroles, nos postures, mais aussi
l’énergie que nous mettons dans ce que nous faisons, ce que nous disons,
et qui n’est parfois perceptible que par l’autre, juste devant nous,
qui va nous le dire sans jugement et sans résonance en lui s’il a fait
lui-même le travail, ou qui va y réagir par résonance s’il ne l’a pas
fait.
Il faut aller au bout du bout
de ce processus, il n’y a pas d’échappatoire qui mène à la libération.
Tout autre chemin que cette rigueur implacable quoi que bienveillante
avec nous-même, nous dissimule encore à nous-même. Ce n’est peut-être
pas plaisant à entendre, cela ne cadre pas avec les discours qui nous
disent qu’il n’y a pas à se fatiguer, que d’autres travaillent pour
nous, mais si l’on a fait le choix de se libérer, si l’on a pris le
sentier escarpé, les obstacles et les tentations de s’en éloigner sont
nombreux. C’est pourquoi nous devons renouveller en permanence le choix
du chemin sur lequel on s’est engagé, sans s’identifier à quoi que ce
soit, sans se laisser embarquer émotionnellement dans les dramaturgies
organisées du monde, sans non plus se prendre au sérieux et en
appréciant l’humour et la joie que la vie nous offre au-delà des
tourments illusoires. J’ai écrit
un jour que personne ne serait laissé sur le bord du chemin et je le
pense toujours, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas se laisser
tout seul au bord du chemin… Chacun a toujours le choix de croire qu’on
va le prendre par la main ou celui de grandir.
Fraternellement,
© Le Passeur – 9 Janvier 2015 – http://www.urantia-gaia.info > Cet article est volontiers autorisé à la diffusion à
la seule condition de ne pas l’associer à une démarche commerciale, de
respecter l’intégralité du texte et de citer la source.
Merci, ça fait du bien d'entendre ceci, on se sent moins seul.
RépondreSupprimerVieviane
oui cela fait du bien :) Merci donc au "Passeur". D'ailleurs je vous invite à lire ces differents articles presents sur son site Urantia-gaia :)
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