Un jour, un sage a déclaré :
Votre leçon en est une d’autorité : apprendre à ne plus la céder aux autres et comprendre comment l’utiliser pour vous-mêmes.Cette voix trouve aujourd’hui écho dans un quotidien jonché de codes d’éthique, d’obligations morales et de systèmes de lois à n’en plus finir. De la bonne conduite au politiquement correct jusqu’à l’interdiction de consommer certains aliments en passant par l’obligation scolaire, vaccinale, ad nauseam.
De nos jours, une autorité omniprésente s’immisce dans toutes les sphères de notre vie. Nous voulons conduire une voiture? Une autorité doit nous délivrer un permis à cet effet. Travailler, voyager, pêcher, rénover? Permis, permis et permis.
Quelqu’un sait combien il y a de lois en vigueur dans son propre pays? Combien il existe d’interdictions et d’obligations? Leur nombre ferait pâlir les défenseurs des « droits de l’homme ». Ce que nous mangeons est réglementé, nos déplacements, nos gains et dépenses, nos activités en ligne, nos soins de santé… Tout, absolument tout est régi par une quelconque autorité.
Et cette autorité n’émane assurément pas de nous-mêmes. En fait, ce qui fait la force de cette autorité nébuleuse, vaste et puissante, c’est notre impressionnante propension à l’abandon de notre autorité personnelle.
Accepter tacitement les règles sociétales, soient-elles écrites noir sur blanc ou simplement culturellement établies par pression sociale, c’est céder une part de notre libre arbitre, de notre autorité. Et chaque fois que nous abandonnons notre pouvoir personnel à la propagande médiatique qui pense pour nous, que nous faisons nôtres les idées reçues de nos parents, de nos professeurs ou de tout autre figure d’autorité sans y réfléchir par nous-mêmes, sans nous autoriser une pensée critique, voire différente, nous délaissons volontairement une partie de notre pouvoir personnel, de notre intégrité et de notre souveraineté. C’est notre pouvoir de gouvernance sur nos propres pensées et comportements que nous gaspillons ainsi à tout vent.
Ne suffit que d’une pression des pairs (famille, amis, collègues de travail, etc.) pour guider nos actions. Même un simple écriteau dans un parc public nous interdisant ou nous obligeant à ceci ou à cela, et voilà notre autorité personnelle qui abdique. Nous cédons notre place avec une facilité déconcertante. Et ce ne sont pas les pressions de l’entourage qui manquent. En effet, il y a toujours quelqu’un, quelque part, en toute situation, pour nous remettre à notre place : « Tu ne devrais pas faire ça, tu pourrais avoir une amende ». « Tu y as pensé? Ce n’est pas éthique, ce n’est pas bien ». « Ce n’est pas gentil ».
Il y a, dans pratiquement toutes les sphères de notre vie, une omniprésente police de la pensée dont les techniques de renforcement sont multiples et tentaculaires. Par exemple, toutes nos communications sont enregistrées et stockées dans de gigantesques ordinateurs et tout ce que nous exprimons pourra être retenu contre nous – mises à pied pour un commentaire sur Facebook incluses – et on ne se gêne plus pour nous le faire savoir. Il n’est pas un endroit public qui n’affiche pas ces petits panneaux « Souriez, vous êtes filmés » et partout où nous levons les yeux, des caméras jonchent les murs, les plafonds et les intersections routières. Le message est clair : oubliez votre autorité personnelle, nous nous en occupons pour vous. Notre place dans la société, notre place parmi nos propres pensées se trouve dans ce statu quo de surveillance et d’ordre public – sanctions à l’appui.
Nous en sommes même venus à croire que l’autorité est quelque chose d’extérieur à nous-mêmes et il est rare que nous concevions l’autorité comme étant une possibilité, un outil de volonté intérieure et que nous la protégions des éléments externes en la conservant pour nous, pour notre propre croissance personnelle. Plutôt, nous chercherons, socialement ou professionnellement, à « grimper les échelons » afin d’obtenir une position de pouvoir pour être, enfin, à même d’exercer notre autorité. Car dans notre conception habituelle l’autorité est quelque chose que nous devons imposer aux autres, « pecking order » oblige.
Mais une « position d’autorité » n’a de réel que le fait qu’elle est illusoire. C’est en réalité jouer le jeu de la prédation énergétique de laquelle nous sommes nous-mêmes victimes en ne comprenant pas comment utiliser notre propre autorité. Et c’est là une démonstration de notre faiblesse intérieure que de tenter d’imposer notre autorité en dérobant celle des autres. Prendre notre place en société revient inévitablement à soutirer quelque chose des autres. C’est un cercle vicieux.
Pourtant, c’est précisément tout cet « écosystème », toute cette mécanique d’abandon ou de rétention de notre volonté/autorité intérieure qui détermine invariablement « l’endroit » où nous nous trouvons, « notre place ». Bien entendu, il n’est pas question ici de géographie à proprement parler car, en réalité, notre situation externe (notre domicile, notre travail, notre situation amoureuse) est un fidèle miroir de la position intérieure que nous occupons. Position qui résulte de ce que nous faisons de notre propre autorité.
Une autre façon de l’exprimer est de dire que nous sommes toujours et invariablement « à notre place » puisque cette dernière nous correspond. Elle s’harmonise, tel un diapason, à notre état intérieur qui « vibre » au rythme de l’application et de l’utilisation que nous faisons (ou non) de notre pouvoir personnel d’autorité sur nous-mêmes. Soit nous décidons consciemment de nous autoriser à être ceci ou cela et à penser par nous-mêmes, soit nous laissons la « Loi Générale » décider pour nous ce que nous faisons et pensons. Et ce jeu d’équilibre, entre ce que nous cédons ou conservons, se joue à tous les niveaux de notre expérience de vie.
Tentons-nous inconsciemment de nous comporter comme les Roméos d’Hollywood ou sommes-nous en mesure d’établir nous-mêmes les valeurs et les limites de notre conception du couple? Répondons-nous à la pression familiale de poursuivre des études dans un domaine précis ou nous autorisons-nous à suivre notre propre voie créative? Répondons-nous à la pression sociale du « devoir de citoyen » d’aller voter ou nous autorisons-nous une pensée critique et une action en conséquence? Qu’en est-il de nos vêtements? Nos choix alimentaires? Nos meubles et leur disposition dans une pièce?
Une observation objective et en toute honnêteté de notre propre conformité à l’autorité « omnisciente et omniprésente » du statu quo nous révélera un tableau bien moins reluisant que nous l’imaginons habituellement. Et ce tableau, c’est « notre place », c’est l’endroit où nous nous situons intérieurement.
Et bien que nous ayons l’habitude d’attribuer tous nos malheurs (parfois même nos bonheurs) uniquement à des circonstances extérieures, ne nous en déplaise, notre « place », c’est nous-mêmes et elle est ce qu’elle est parce que nous y consentons et nous l’acceptons : nous l’autorisons à être ainsi.
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-Webmestre Zone-7
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