jeudi 7 mai 2020

Abd al Malik







Abd al Malik naît Régis Fayette-Mikano le 14 mars 1975 à Paris, de parents congolais. Après quatre années passées à Brazzaville, la famille revient en France en 1981 pour s’installer à Strasbourg, dans le quartier du Neuhoff. Son adolescence est marquée par des actes de délinquance mais avide de savoir, il se montre bon élève à l'école. En quête de repères, son besoin de spiritualité le mène vers l’islam auquel il se convertit à 16 ans et devient Abd al Malik.



Il fonde rapidement avec cinq autres garçons de son quartier un groupe de rap, les New African Poets (NAP). "Trop beau pour être vrai", leur premier maxi autoproduit, sort en 1994. Après un album mort-né qu’ils ne parviennent pas à commercialiser, ils ne se découragent pas et leur effort se concrétise en 1996 avec "La Racaille sort un disque". Le bon accueil qui lui est réservé lance la carrière de NAP qui enchaîne en 1998 avec "La Fin du monde". Quelques-uns des plus grands noms du rap français sont invités : Faf La Rage, Shurik’n (IAM), Rocca (La Cliqua), Rockin’s Squat (Assassin).
Un troisième album, "À l’intérieur de nous", parait deux ans plus tard. La musique n’a pas détourné Abd al Malik de ses études qu’il mène de front jusqu’à la licence, suivant à l’université un double cursus de lettres classiques et de philosophie. Alors qu’il avait flirté un moment avec l’extrémisme sur le plan religieux, il a enfin trouvé ce qu’il cherchait dans la voie soufi au contact du sheikh marocain Sidi Hamza al Qâdiri Boutchichi qui devient son maître spirituel.
En 1999, il se marie avec la chanteuse r'n'b franco-marocaine Wallen. Naît de leur union un petit garçon en 2001, prénommé Muhammed.
2004 : "Le Face à face des cœurs"
En mars 2004, Abd al Malik sort son premier album solo, "Le Face à face des cœurs", qu’il définit comme "un rendez-vous galant avec soi-même " et dont le titre fait référence à un ouvrage de l'intellectuel soufiste Faouzi Skali. Les quinze morceaux "audacieusement romantiques " sont précédés par une courte interview, dirigée par la journaliste Pascale Clark, qui permet à l’artiste de présenter sa démarche. Aïssa, de NAP, participe à la plupart des morceaux. Parmi les autres invités figurent Marco Prince, Souad Massi et Wallen . La dernière chanson, "Que Dieu bénisse la France", avec Ariel Wizman, fait écho au livre que sort le rappeur simultanément, "Qu’Allah bénisse la France", dans lequel il explique son cheminement personnel et défend une conception d’un islam tolérant. L’ouvrage est récompensé en Belgique par le prix Laurence-Trân.
A Bruxelles, la même année, le jeune homme découvre le slam au cours d’une session organisée par une association qui l’a invité. Séduit, il se promet d’intégrer cet élément à sa démarche artistique future.
2006 : "Gibraltar"
L’album qui paraît en juin 2006 est très éloigné du précédent. Pour concevoir "Gibraltar", il lui a fallu déconstruire dans la forme la notion même de rap, tout en restant hip hop. Ce à quoi il aboutit ne ressemble à rien d’autre : alliant la chanson, le jazz, le slam et le rap, ses morceaux ont une esthétique nouvelle.
Si Bilal, membre du groupe NAP, signe la plupart des compositions, le pianiste Gérard Jouannest écrit trois pièces pour le rappeur. L’idée d’entrer en contact avec le pianiste de Brel lui vient en le voyant dans un reportage télévisé. Tout en restant passionné par le rap, il s’est mis à écouter Brel attentivement depuis une dizaine d’années, frappé par sa force d’interprétation. Dès la première rencontre entre les deux hommes, le courant passe et Abd al Malik se met aussitôt à écrire en écoutant le pianiste jouer.
D’autres musiciens d’horizons aussi peu habituels sur un disque de rap sont venus participer au projet : le bassiste Laurent Vernerey, l’accordéoniste Marcel Azzola ou encore le batteur Régis Ceccarelli, impliqué dans l’instrumentation des morceaux et dans le choix des samples provenant d’univers très variés (Keren Ann, Nina Simone, Fairuz…). Grâce à cette construction musicale, la poésie qui émane des textes n’en devient que plus prenante.
Après "12 septembre 2001", premier extrait de l’album, un second simple sort en novembre 2006 : "Les Autres" est en fait une version revisitée de "Ces gens-là", de Jacques Brel.
Disque d’or en décembre 2006, puis double Disque d’or en mars 2007, "Gibraltar" est plus qu’un succès commercial : après le Prix Constantin et le Prix de l’Académie Charles-Cros en 2006, l’album continue sa moisson en 2007 avec la Victoire de la musique dans la catégorie “musiques urbaines” et le Prix Raoul-Breton décerné par la Sacem.
En février 2007, avec un quatuor jazz comprenant notamment Laurent De Wilde, Abd al Malik démarre une tournée qui va durer près de treize mois pour plus de cent concerts en France, en Belgique, en Suisse et au Canada ! Du Printemps de Bourges aux Francofolies (de La Rochelle, de Spa et de Montréal), en passant par Montreux, les Eurockéennes ou Musiques métisses, il aura participé aux principaux festivals. En mars, il passe à Paris à la Cigale puis au Cirque d’Hiver.
Début 2008, Abd Al Malik rassemble autour de lui, un collectif nommé Beni Snassem, dans lequel on trouve notamment l'épouse du rappeur, la chanteuse Wallen. C'est ainsi que ce groupe éphémère sort un album intitulé "Spleen et idéal", un hymne aux valeurs de loyauté et d'humanisme.
2008 : "Dante"
Le troisième album d'Abd Al Malik vise très haut. Intitulé "Dante", il sort en novembre 2008. Le rappeur affiche clairement ses ambitions : en effet, le disque s'ouvre sur la chanson "Roméo et Juliette", un duo avec Juliette Gréco, un des monuments de la chanson française. Une grande partie des titres est composée par Gérard Jouannest, pianiste de Brel et accompagnateur de Gréco.
Au casting, on trouve aussi à la réalisation et aux arrangements Régis Ceccarelli ainsi qu'Alain Goraguer qui travailla notamment avec Gainsbourg. La référence à la chanson française est omniprésente. Le rappeur sample par exemple, Serge Reggiani dans "Le Marseillais".  Pour montrer un peu plus son attachement à la culture française, voire régionale, il interprète un titre en alsacien, "Conte alsacien". Le premier simple s'intitule "C'est du lourd".
Le 28 février 2009, Abd Al Malik reçoit la Victoire de la musique de l'album "Musiques urbaines" de l'année pour "Dante". Alors en tournée "dantesque" à l'automne 2009, il présente un spectacle intitulé "Roméo et les autres" à la Cité de la musique, à Paris, les 4 et 5 novembre. Sur scène, il invite des artistes comme Jean-Louis Aubert, Christophe, Daniel Darc ou encore sa femme Wallen à revisiter avec lui le grand répertoire de la chanson française.
2010 : "Château rouge"
2010 marque l'entrée d'Abd Al Malik en littérature, avec la publication d'un essai : "La guerre des banlieues n'aura pas lieu", qui remporte le prix Edgar Faure du livre politique. Le 8 novembre 2010 sort "Château Rouge", le quatrième album d'Abd Al Malik. Passant de la rumba au rock, des musiques africaines à l'électro, de l'anglais au français, du slam à la chanson, il est surprenant d'éclectisme. Réalisé par le déjanté Canadien Gonzales, il est plus musical et moins bavard que les précédents. Il comporte plusieurs duos, notamment avec Ezra Koening, chanteur new-yorkais de Vampire Week-end ou le Congolais Papa Wemba pour un titre dédiée aux femmes battues ("Ma jolie").
En février 2011, le rappeur philosophe reçoit la quatrième Victoire de la musique de sa carrière en raflant le trophée de l'album "Musiques urbaines" de l'année pour "Château Rouge". C'est bardé de cette nouvelle récompense qu'il entame un nouvelle tournée le 15 mars 2011.
En février 2012, Abd al Malik publie son troisième ouvrage, "Le dernier Français". À travers portraits et petites histoires, le livre évoque les notions d'identité et d'appartenance à une patrie. La même année, le rappeur s'engage auprès d'Amnesty International et signe la chanson "Actuelles IV", bande-son d'une campagne en faveur du respect des Droits de l'Homme.
Passionné par les écrits d'Albert Camus depuis sa jeunesse, Abd al Malik lui consacre un spectacle intitulé "L'Art de la révolte", construit autour de la première œuvre de l'auteur français, "L'Envers et l'endroit". Sur scène, rap, slam, musique symphonique et danse hip hop accompagnent la pensée de Camus. Les premières représentations se tiennent à Aix-en-Provence en mars 2013, avant une tournée qui le mène notamment au Théâtre du Châtelet à Paris en décembre.
Entre-temps l'artiste fait une nouvelle incursion dans la littérature avec la publication en octobre 2013 de son quatrième ouvrage, "L'Islam au secours de la République". Dans ce roman, il imagine un candidat à la Présidence de la République converti en secret à l'Islam, une fable qui prône une nouvelle fois la tolérance et combat les idées reçues.
L'année 2013 est aussi celle où l'artiste s'attèle à l'adaptation au cinéma de son livre "Qu'Allah bénisse la France", le récit de son parcours depuis la cité du Neuhof jusqu'au succès. Enfant d'immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg, celui qui s’appelle Régis puis Abd Al Malik découvre l’amour et trouve sa voie, après la délinquance, entre le rap et l’islam. Pour l’incarner, Abd Al Malik choisit Marc Zinga, nominé aux Césars 2015 dans la catégorie "Meilleur Espoir masculin" grâce à ce rôle.


2014 : "Qu’Allah bénisse la France"
Le 10 décembre 2014 sort au cinéma "Qu’Allah bénisse la France". C’est un succès public. Les critiques aussi sont conquis. Le film est primé, entre autres, au festival du Film de la Réunion, au festival du Cinéma et de la Musique de film de La Baule, est lauréat du prix Découverte au Festival du film international de Namur, et remporte le prix critique Découverte de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique en Argentine.
La bande originale, entièrement composée, écrite et interprétée par Wallen, la femme d’Abd Al Malik, est en précommande sur ITunes dès le début novembre 2014 et sort le 8 décembre dans les bacs. La BO signe le retour de la chanteuse de r'n'b, phare de sa génération.
En 2014, la tournée "L’Art et la Révolte" continue.
2015 : "Scarifications"
Un mois après les attentats parisiens de janvier 2015, Abd Al Malik publie un court texte intitulé "Place de la République, pour une spiritualité laïque" (éditions Indigène) dans lequel il accuse la république (française) de ne pas traiter tous ses enfants de la même façon. Un texte qui cherche aussi à lever certains malentendus sur l'islam, religion à laquelle il s'est converti quelques années auparavant.
En novembre, le rappeur sort un nouvel opus intitulé "Scarifications", réalisé par le célèbre DJ français Laurent Garnier. Si au premier abord, on peut s'étonner de cette association, il semble qu'en fait, les deux hommes aient envisagé ce projet commun avec toute la culture musicale urbaine qu'ils ont pu accumuler au fil des années, celle du hip hop, de la house et de la techno. Le son est rugueux, les textes âpres. Abd Al Malik donne ainsi à écouter un rap mordant comme sur le premier simple "Allogène (j'suis un stremon)". Mais cela ne l'empêche pas aussi de rendre hommage à ses ainés, comme avec le titre "Daniel Darc". Un album très réussi selon la critique.



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