Par Heim Gilbert
Le
terme karma est un mot sanskrit qui sert à désigner le destin, la
fatalité. Ainsi, lorsqu’un évènement négatif survient dans la vie d’une
personne, par exemple une maladie, un accident ou un licenciement, on y
voit la manifestation du karma. Cette conception est très largement
répandue en Asie, mais aussi en Occident. Pourtant, cette compréhension
pessimiste et négative du karma est trop restrictive. En effet, une
heureuse rencontre, un événement inespéré, un heureux hasard sont tout
autant la manifestation du karma. Le karma désigne, en effet, l’acte et
la conséquence de cet acte. En d’autres termes, ce qui importe c’est de
comprendre la relation qui unit deux évènements, l’un antérieur et
l’autre postérieur. Ainsi, le karma devient une loi qui, pour ceux qui
en reconnaissent l’existence, a la force d’une loi scientifique. La
question, dès lors, est de savoir ce que la notion de karma nous
enseigne sur la nature profonde des choses.
L’étude de cette notion de karma est intéressante pour nous à plus d’un titre.
Tout
d’abord, cette notion a donné naissance à une théorie qui se trouve
bien organisée dans la philosophie Samkhya, laquelle sert de base
conceptuelle de la pratique du Yoga. Ainsi, pour des adeptes du Yoga,
est-il légitime de chercher à avoir une connaissance claire de cette
notion de karma.
Par
ailleurs, cette notion a une grande importance culturelle dans le
domaine de l’histoire des idées. En effet, le karma constitue la pierre
angulaire de la morale et de la pensée philosophique de l’Inde. Compte
tenu de sa force explicative, cette théorie se trouve partagée dans ses
grandes lignes par les différents courants de pensée originaires de
l'Inde, que cela soit l'hindouisme, le bouddhisme ou le jaïnisme. De
plus, cette notion de karma a connu un grand rayonnement géographique.
Cette notion a été très largement diffusée dans les différents pays
asiatiques où ces mouvements philosophiques et religieux sont établis
(en particulier le Cambodge, la Thaïlande, le Laos, la Birmanie, le
Japon, le Tibet, Sri Lanka ) .
C’est
donc une théorie importante d’un point de vue social et culturel. Si
cette notion de karma connaît un tel rayonnement, une telle diffusion
c’est parce qu’elle est articulée au sein d’une théorie solidement
structurée, une théorie qui possède une grande puissance explicative.
Cette théorie du karma apporte, en effet, la réponse à des questions
fondamentales qui concernent la condition humaine, des questions tant
existentielles que sociales:
- Pourquoi suis-je un être humain ?
- Pourquoi ai-je tels parents ?
- Pourquoi mon corps présente-t-il tel défaut ou telle qualité qui le différencie des autres ?
- Pourquoi ai-je fait la rencontre de telle personne, ce qui me paraît totalement extraordinaire ?
- Quel est mon devenir ?
- Que se passe-il après la mort ?
Ce
qui est très réconfortant c’est de savoir qu’il existe des réponses à
ce genre de questions que nous nous posons tous à un moment de notre
vie. On peut alors réfléchir à tout ceci en profondeur avec une entière
sérénité d’esprit, tout comme un enfant peut apprendre tranquillement à
nager s’il sait qu’il dispose d’une rive où reprendre pied en cas de
besoin.
Le Karma est le moyen de la loi d’Evolution.
C’est
à l’aide du Karma que l’âme va suivre le chemin qui lui a été tracé. Il
est difficile, car il faut maîtriser les instincts, afin de conduire la
matière à un état de plus en plus subtil et aider ainsi à son
Evolution.
Cela demande bien des vies.
Dès
l’apparition de l’homme sur la terre une longue suite de
transformations va commencer. L’âme, profondément liée au corps, va
suivre ses lois. Se nourrir et durer seront ses impératifs, et pour cela
tous les moyens seront bons. Cruelles, brutales, les âmes ne trouvent
que dans la vie terrestre la force qui les contraint à avancer et leur
séjour dans l’au-delà est très court. L’Evolution, portant sur des
sentiments instinctifs et violents, est, au début, accélérée.
La
densité des âmes ne leur permet pas de dépasser le pourtour de la
terre. Elles sont guidées par des forces qui les amènent à se réincarner
rapidement. Le jugement est sommaire et, comme l’état ambiant est
affreux, le choix des vies est restreint. L’homme doit être broyé par
des forces impitoyables afin d’être débarrassé peu à peu de l’épaisse
gangue de matière où s’ensevelit son âme.
Apeuré,
inquiet, il tue pour subsister (triste loi qui est toujours la nôtre).
Il tue pour se défendre et ses progrès sont lents. De ces vies atroces
et courtes nous ne parlerons que peu.
Embryon
de conscience, embryon de cerveau ne permettent pas l’exercice de cette
loi de Karma comme nous l’entendons aujourd’hui. Elle joue cependant,
car, si le Karma est la loi des conséquences, il est aussi une loi
d’équilibre. Outre l’Evolution des âmes qu’elle assure, elle est un
contrepoids aux pensées et aux actes humains ainsi qu’aux vibrations
qu’ils créent. Cette loi permet de sauver de la destruction les âmes et
la terre, et même le Cosmos tout entier, car l’équilibre doit être
partout pour que tournent les Soleils et se continue la Création.
Peut-on
imaginer ces vibrations de violence, d’avidité, d’égoïsme émises par
les hommes primitifs sans penser à la force explosive qu’elles
représentaient et que venaient compenser et la souffrance individuelle
et des décharges terrifiantes des forces cosmiques. La face de la terre
se transformait constamment sous l’influence de ces forces, exigeant des
âmes des efforts constants d’adaptation.
Pour
l’instant, le développement de l’humanité étant ce qu’il est, c’est par
des cataclysmes que s’équilibre la terre, face aux vibrations émises
par les hommes. Enfin, après des vies et des vies, une lueur va
s’éveiller dans les âmes. Une douceur est venue d’une compagne de vie et
de chasse qui partage les dangers et les proies. Cette lueur est le
premier signe de l’éveil de l’âme au sein de cette matière épaisse et
dure. Toutefois elle reste bien pâle, car l’homme est uni encore à une
force élémentale et instinctive qui le domine.
Mais
la vie invisible va devenir plus longue, car ce sentiment d’attachement
crée une force qu’il retrouvera dans l’au-delà. Elle lui permettra
d’être en contact avec des guides qui l’aideront. A mesure que l’âme
évoluera, qu’elle deviendra plus riche de sentiments, ses vies
terrestres se nuanceront de plus en plus et une nouvelle phase de
l’Evolution humaine commencera. La douceur du foyer se précisera, se
fixera ; les enfants en deviendront partie intégrante, créant la tribu,
source d’Evolution nouvelle.
Enfin
une lueur vraiment humaine surgira de cette âme. Dès ce moment,
d’autres plans s’ouvriront; l’aide viendra de plus en plus abondante, et
la loi du Karma commencera à jouer sur le plan individuel. Cette loi du
Karma, loi des conséquences et loi d’équilibre, est absolument
mécanique et s’applique avec rigueur, car elle est en puissance dans la
loi de Création. Si nous la considérons en elle-même, elle est sans
atténuation ni rémission, car elle ne requiert, pour être appliquée,
aucune force extérieure à l’âme.
Nous
devons rappeler ici ce fait que chaque acte, chaque pensée, chaque
parole est vibration, et que, ainsi, rien de ce qui a été fait, pensé et
dit par l’homme ne se détruit, sauf par l’émission de vibrations
contraires annulant les premières. Chaque vibration est liée par un
caractère particulier à celui qui l’a émise, et c’est donc par lui
qu’elle devra être détruite. Toutefois une interpénétration des âmes se
fait par l’Amour qui les unit. C’est pourquoi les prières faites pour
les autres, les intercessions particulières ou générales peuvent avoir
des effets favorables sur un Karma individuel ou collectif.
Il
est enfantin de penser à une réparation individuelle des torts causés,
car la complexité des destins est grande et l’acte, mauvais en soi, a pu
être pour celui qui l’a subi une aide et non un tort sur le plan
spirituel. C’est à l’âme qui a décidé et accompli cet acte que le tort a
été causé. Il importe donc peu que s’adresse à celui qui a subi une
peine la réparation nécessaire puisqu’il s’agit moins d’un rachat que de
l’annulation de vibrations nocives, et de la transformation de l’âme
devenue incapable de concevoir et d’accomplir cet acte. Elle a, du
reste, en elle une force innée qui l’informe et guide vers son but
définitif et lui permet d’émettre des vibrations contraires à celles qui
lui sont habituelles.
Par quelle voie cette transformation va-t-elle s’accomplir ?
Par
la souffrance d’abord et par des retours douloureux à la vie
matérielle. Le Karma ne s’exerce pas seulement sur les individus. Il a
son effet également sur les peuples et sur les races, car c’est à
travers toutes les conditions où se développent les âmes que le Karma a
ses effets et il faut bien dire que cette loi, infiniment complexe, ne
peut être étudiée que théoriquement, car individus, peuples et races
sont si étroitement mêlés qu’un enchaînement très compliqué forme le
Karma de chacun.
Il
serait imprudent de ramener à la mesure humaine ces Lois prodigieuses
qui permettent l’équilibre de l’Univers tout entier. Ne considérer le
Karma que sous l’angle humain c’est fausser irrémédiablement les données
du problème. Une étroite solidarité unit, non seulement la Création,
mais tout l’Univers.
Chaque
système solaire est comme une entité qui se trouve agir et exister au
même rythme et qui a aussi son Karma. Ainsi, de groupe en groupe, de
monde en monde, s’étend la fraternité des Créations de Dieu. S’il faut
se limiter à l’étude des conditions de la vie terrestre, il faut aussi
savoir que cela n’est qu’une très petite partie du problème.
Il n’est pas surprenant qu’ainsi mutilé il apparaisse parfois bien puéril.
L’histoire du Karma
Bien
sûr, d’autres traditions offrent des réponses à ce genre de question et
il ne s’agit pas de se convertir. Mais ces réponses reposent souvent
sur la foi ou le dogme. Or ce que la théorie indienne du karma présente
de tout à fait original c’est qu’elle se fonde sur une approche
rationnelle des choses, elle se base sur le raisonnement et sur
l’expérience concrète. Dès lors, ce qui importe c’est d’éprouver la
cohérence de ce raisonnement et d’actualiser cette expérience. Comme le
disait un sage indien : " Ne croyez pas sur parole ce que je vous
raconte. Mais examinez ce que je vous dis comme un joaillier travaille
un métal : il le découpe, le martèle et le fait fondre et enfin il sait
vraiment que c’est de l’or ".
Commençons
par examiner comment la notion de karma a émergé dans la pensée
philosophique indienne et comment elle s’est progressivement constituée
en une théorie cohérente et bien organisée.
Une théorie lentement élaborée
La
notion de karma n’est pas un concept qui aurait été inventé par un
penseur unique, original, ni une théorie amplement développée par un
auteur de génie. Le karma est une notion qui s’est progressivement
structurée au fil des siècles. On peut ainsi, de façon schématique,
distinguer trois étapes historiques successives.
L’acte rituel sacré
Le
karma désigne initialement l’ensemble des opérations rituelles
mentionnées dans un ensemble de textes appelés Véda. " Véda ", terme
sanskrit, signifie étymologiquement " le Savoir " et désigne ainsi la
connaissance sacrée, celle qui a trait aux choses transcendantes.
Ces
opérations rituelles ont une importance primordiale qui a justifié
qu’elles soient consignées dans les premiers textes écrits de l’Inde.
Ces actions ont une finalité spécifique qui intéresse l’ensemble du
corps social : elles permettent aux humains d’entrer en relation avec
les divinités afin que ces dernières agissent sur le monde. Ces rituels
permettent ainsi de préserver le bon ordre de l’univers, appelé dharma,
si l’harmonie universelle est menacée ; inversement, si le désordre,
appelé "adharma" s’est temporairement installé, ces rituels assureront
le retour à l’harmonie première.
Cette
croyance en l’existence d’un ordre cosmique, un bon déroulement des
choses, est une pensée tout à fait rationnelle, fondée sur l’observation
de la nature. En effet, la vie est fondamentalement marquée en Inde,
comme dans tout le sud-est asiatique, par le retour de la saison des
pluies, appelée mousson. A la différence du climat européen où les
précipitations s’étalent sur de longs mois entre l’automne et le
printemps, en Asie les pluies sont concentrées sur quelques semaines.
Ainsi, sur une brève période tombe la quantité d’eau qui va permettre à
la végétation de croître, au riz de pousser et donc assurer la survie
des espèces humaine, animales et végétales. Que cette mousson soit
retardée, ou au contraire avancée, qu’elle soit insuffisante ou au
contraire excessive, les récoltes s’en trouveront alors menacées et la
famine guettera. La vie dépend donc du retour à bonne date et en
quantité juste de la mousson. De cette contrainte physique liée à la
mousson découle un certain nombre de considérations philosophiques et
religieuses. Tout d’abord, le temps est conçu comme une notion cyclique,
répétitive en Asie, alors qu’en Occident la conception du temps est
plutôt linéaire. Par ailleurs, l’ordre naturel est perçu comme précaire.
Enfin, il apparaît indispensable de se concilier les forces de la
nature. Dans ce contexte, l’acte rituel prend une importance
fondamentale puisqu’il va permettre aux êtres humains de solliciter ces
forces naturelles pour préserver la vie.
Précisons maintenant quelles sont les caractéristiques de cet acte rituel :
L’acte
rituel est, avant tout, une parole Fondamentalement, l’acte rituel est
une invocation faite aux divinités. L’acte par lequel la divinité est
sollicitée est une parole.
On retrouve ainsi une notion connue de toutes les civilisations : "la puissance de la parole".
Compte
tenu de l’importance fondamentale de cette parole, celle-ci n’est pas
prononcée par n’importe quelle personne. Un personnel spécifique est
dédié à l’élocution de la parole sacrée. Ce personnel spécifique
deviendra au fil du temps la caste supérieure de la société hindoue,
celle des brahmanes.
Les
divinités qui sont invoquées lors de l’acte rituel sont les forces de
la nature personnalisées. Ainsi, les dieux et déesses appelées dans les
Véda sont Indra (celui porte la foudre), Mitra (le Jour), Varuna (la
Nuit), Vayu (le Vent), Agni (le Feu)…
Si
l’acte rituel est essentiellement une parole, il ne l’est toutefois pas
exclusivement. La parole est ainsi accompagnée d’une intention qui la
précède et d’actes corporels qui lui succèdent. En effet, cette parole
est prononcée en vue de la réalisation d’un certain objectif, appelé
Svarga. Ainsi, lorsque le brahmane effectue telle invocation au dieu du
vent c’est dans le but que les nuages porteurs de la pluie parviennent
en temps utile dans telle région. Il y a ainsi une intention, un
processus mental qui est à l’origine de la parole sacrée.
Par
ailleurs, de nombreuses personnes souhaitent assister à la réalisation
de ces rituels destinés au bien-être de tout le corps social. Dès lors,
pour rendre plus perceptible, plus manifeste le processus sacré en
cours, différentes actions matérielles vont être réalisées par
l’officiant.
Ainsi,
tous les brahmanes effectuent tout au long de leur vie le rituel de
l’Offrande au Feu, appelé " agnihotra " en sanskrit. Le foyer est allumé
juste avant le coucher du soleil et la vache est traite. Le brahmane
verse alors dans le feu un peu de lait frais à l’aide d’une grande
cuillère spéciale. Répété à l’aube, ce rituel permet de faire se lever
le soleil (charme solaire) et d’avoir des enfants (charme de fécondité).
L’officiant
qui accomplit l’acte rituel ne le fait pas pour son intérêt personnel.
Il le fait parce que l’intérêt général l’exige. Dès lors, l’acte rituel
est une prescription qui s’impose à lui et non une faculté qu’il
pourrait, au gré de sa volonté, exercer ou refuser d’ exercer. La
divinité est tenue d’intervenir. De même que le brahmane se doit
d’intercéder pour l’homme auprès de la divinité, la divinité se doit de
répondre selon la demande qui lui est formulée. Ainsi, la divinité
védique n’est pas toute puissante : elle a une compétence liée dès lors
qu’elle est correctement saisie, pour utiliser un langage juridique.
L’homme
n’a pas le pouvoir de contraindre la divinité à intervenir. La
situation exige simplement que le brahmane agisse par le biais d’une
certaine procédure. Dès lors que celle-ci est correctement exécutée
(intention juste, parole juste, actes matériels justes), ce rituel
devient alors opérant et la puissance transcendante se manifeste.
La
notion originelle du karma, dont nous venons de préciser les aspects
essentiels, va évoluer au fil des siècles. Toutefois, cette évolution ne
constitue pas une transformation radicale, mais représente une simple
inflexion du contenu de la notion. Deux aspects fondamentaux demeureront
ainsi intangibles : tout d’abord, le karma est un acte doté d’une
puissance particulière engendrant des effets contraignants ; ensuite,
cet acte associe une intention, une parole et une manifestation
corporelle.
Une véritable théorie du karma se développe dans les Upanishads.
Alors
que les Véda ont essentiellement un caractère prescriptif, les
Upanishads, plus récentes (–VI° à –V° siècle pour les plus importantes),
ont d’abord un contenu descriptif et explicatif. La voie de l’acte
rituel (karma-marga) est ainsi complétée par la voie de la connaissance
(jnana-marga).
La notion de karma est notamment développée dans la Brihadâranyaka - Upanishad.
Les principales évolutions que connaît la notion de karma sont au nombre de trois.
Tout
d’abord, la notion de karma se laïcise. Elle se détache du rituel
religieux pour se dissocier complètement de la relation à la divinité.
Le karma ne désigne plus alors le seul acte rituel, mais désigne tout
acte. Ce faisant, la notion de karma se généralise.
Par
ailleurs, la composante fondamentale de la notion de karma se déplace
de la parole vers l’intention. Avec les Upanishads, l’origine de la
puissance de l’acte, c’est à dire sa capacité à produire des effets,
découle désormais de l’intention qui anime la personne. Ainsi, un acte
produira tel effet selon qu’il aura été inspiré par telle intention.
Enfin,
la notion de karma s’articule au sein d’une théorie globale et
rationnelle de l’acte. Cette théorie établit un lien entre un acte et un
ensemble d’événements qui lui succèdent.
Ainsi, la notion de karma s’est lentement structurée jusqu’autour du –Ve siècle.
La théorie du karma est intégrée à plusieurs voies de salut
Avec
l’élaboration des grandes Upanishads, la notion de karma est devenue
l’axe central de la pensée philosophique et religieuse de l’Inde. Ainsi,
des mouvements de pensée aussi divers que le Samkhya, le Yoga, le
Vedanta, le Jaïnisme ou le Bouddhisme vont alors reprendre dans ses
grands traits la théorie du karma précédemment constituée.
Deux éléments contribuent à expliquer ce phénomène.
Tout
d’abord, ces différentes doctrines ont une finalité identique qui
constitue le cœur de la pensée indienne : comment mettre fin à la
souffrance qui affecte la condition humaine. Tous les autres sujets de
réflexion sont secondaires par rapport à celui-là.
Or,
la théorie du karma donne des éclaircissements très utiles sur
l’origine de la souffrance et sur la voie qui mène à la cessation de la
souffrance.
Compte
tenu de la cohérence et de la grande puissance explicative de cette
théorie il était logique qu’elle soit partagée par des mouvements
philosophiques et religieux divers.
Ceci
explique que la théorie du karma ait ensuite poursuivi sa diffusion en
dehors de l’Inde pour rayonner sur l’ensemble de l’Asie et intéresser de
nos jours nombre d’Occidentaux qui trouvent en elle des réponses à
leurs questionnements.
Une théorie bien organisée
Comme
nous l’avons dit, à partir de la notion de karma évoquée dans les Véda,
s’est constituée une véritable théorie avec l’élaboration des
Upanishads. Cette théorie présente un caractère extrêmement rationnel et
rigoureux, une cohérence de nature à intéresser les esprits les plus
cartésiens.
Le
principe fondamental de la théorie du karma peut s’énoncer de façon
lapidaire : nos actes ont une incidence sur nos conditions de vie
futures.
Cette
simplicité et cette clarté dans l’expression s’accompagnent d’une
grande profondeur de vue et d’un très large champ d’application. Pour le
percevoir, il est nécessaire d’analyser en détail les composantes de
cette définition.
- Un principe d’une grande richesse de contenu
- Une conception élargie de l’acte
Comme
indiqué précédemment, la notion d’acte est extrêmement large. Elle
englobe non seulement les actions matérielles, mais aussi les paroles et
les pensées.
A
titre d’exemple un acte matériel pourra consister à donner quelque
chose à quelqu’un, ou au contraire à le lui refuser. Une parole pourra
être adressée à une personne, à un groupe d’individus, à un animal ou
bien il pourra s’agir d’une formulation que l’on se fait à soi-même (par
exemple, la récitation d’un mantra ou d’une prière). Enfin, une pensée
sera un acte purement mental. Entrent ainsi dans cette catégorie, les
images mentales, les réflexions que l’on se fait en notre for intérieur.
Ce que la théorie du karma nous enseigne, c’est que tous ces actes sont producteurs d’effets, sont source de karma.
Il
est donc important pour nous d’être attentifs non seulement à nos actes
corporels, à nos paroles, mais aussi à nos simples actes mentaux que
nous pourrions avoir tendance à sous-estimer et donc négliger.
La Loi de Cause à effet.
Nous
pourrions penser que le Karma est une loi de « Cause à effet », ce quel
est, mais dans une durée et un temps très long. Alors que la loi de
« Cause à effet » est souvent immédiate. Exemple :
Cause : vous vous endormez en voiture.
Effet : vous perdez le contrôle du véhicule.
Parfois la loi de « Cause à effet » peut être plus longue ;
Cause : Lorsque vous êtes dans une école vous n’apprenez pas suffisamment.
Effet : Vous échouer aux examens.
Donc
dans notre monde de la matière beaucoup de cause peuvent avoir un effet
immédiat ou plus ou moins éloigné. Il faut aussi savoir que toutes les
pensées positives ou négatives ont tôt ou tard un effet sur notre vie ou
celle d’autrui. Naturellement la pensée fugitive à moins d’effet qu’une
pensée répétée. La peur qui se multiplie dans notre pensée finira tôt
ou tard par se créer dans la matière. Le Karma lui est lié dans le temps
et est en relation avec nos vies antérieures, mais également avec notre
hérédité.
La
théorie du karma nous enseigne que l’élément déterminant d’un acte est
sa dimension psychologique, c’est à dire la nature de l’intention qui
l’inspire. Dès lors que nous sommes animés par une intention positive,
nos actes auront pour nous des effets qualifiés de positifs. Mais si
nous sommes mus par une intention négative nos actes engendreront des
effets négatifs pour nous.
Par
définition, une intention positive vise à réaliser le bien, que cela
soit pour soi-même ou pour une autre personne . Ainsi toutes nos
pensées, nos paroles, nos entreprises soutenues par la bienveillance, la
compassion, l’altruisme, l’amour, le désir de soulager la souffrance,
de rendre heureux, de permettre l’épanouissement, tout cela engendre des
effets bénéfiques pour la personne qui est ainsi animée. A l’opposé,
tout ce qui est inspiré par la haine, la colère ruminée, l’attachement,
la malveillance, tout cela produit des conséquences négatives pour la
personne elle-même.
Précisons
qu’une conséquence est positive lorsqu’elle est source de bien-être, de
joie, de paix intérieure, de plénitude, de bonheur. A l’inverse, est
défini comme négatif, l’événement qui crée une souffrance, un trouble,
ou une agitation intérieure.
De
cet état de fait, il résulte qu’il est hautement recommandé pour nous
de développer la vigilance, cette attention à la motivation réelle,
profonde de nos actes quotidiens, y compris nos réflexions intimes,
personnelles.
Mise en œuvre particulière du principe de cause à effet
Le
principe général du karma (nos actes ont des conséquences sur nos
conditions de vie futures) établit une relation entre un acte et des
événements qui lui sont consécutifs. Ce principe constitue ainsi une
application particulière d’un principe plus général, " la loi de cause à
effet ". Cette loi s’exprime très simplement :
- tout phénomène produit un certain nombre de conséquences
- tout phénomène est le résultat d’un ensemble de causes préexistantes.
Cette
loi de cause, à première vue totalement anodine car tellement frappée
du sceau du bon sens, est d’une portée considérable si on la pousse
jusqu’à son terme.
A
chaque instant de notre vie, nous pouvons vérifier l’exactitude de
cette loi. Par exemple, la porte de ma voiture s’ouvre parce que j’ai
tourné la clé dans la serrure, et parce que je me trouvais moi-même
devant cette voiture et que cette voiture m’appartenait. Si je prends le
temps de la réflexion, je peux alors examiner chacune de ces causes et
trouver qu’elles sont elles-mêmes le résultat d’événements préexistants.
Remontant ainsi la chaîne des causes, nous parvenons ainsi à deux
hypothèses. Soit il existe une cause ultime, un Dieu créateur de
l’univers, un Dieu tout puissant et qui serait à lui-même sa propre
cause. Soit nous remontons ainsi indéfiniment, le monde n’ayant dès lors
pas de commencement, mais existant de tout temps.
La
théorie du karma énonce que la personne qui effectue un acte aura
nécessairement à faire face aux conséquences de cet acte. Les
répercussions de cet acte sont obligatoirement individuelles. En
d’autres termes, les conséquences positives ou négatives qui vont
découler de cet acte, concernent la personne qui est à l’origine de
l’acte.
Des personnes différentes peuvent néanmoins partager un karma commun. Ce karma collectif peut être de nature très variée.
Un
exemple de karma particulièrement positif consistera à assister à
l’enseignement d’un grand maître, tandis qu’un événement karmique
négatif pourra consister à subir les conséquences désastreuses d’un
tremblement de terre.
Une
question se pose alors : le karma étant individuel, comment plusieurs
personnes peuvent-elles partager un événement commun, vivre un karma
collectif ?
La
seule explication est que chacune de ces personnes a antérieurement et
individuellement réalisé certains actes comparables, générateur de ce
karma. Ainsi, les personnes qui, par exemple, participent à
l’enseignement d’un swami hindou ont préalablement développé leur
spiritualité.
Précisons,
enfin, que le karma n’est pas transmissible comme pourrait l’être une
maladie contagieuse, ou une " patate chaude " que l’on pourrait repasser
à son voisin. Ainsi, il serait totalement erroné d’affirmer que le
drame vécu par les victimes d’un tremblement de terre est le résultat du
mauvais comportement des dirigeants politiques de ce pays.
Le karma possède une force irrésistible, mais pas irréversible.
Le
principe du karma énonce qu’un acte va nécessairement engendrer un
autre événement qui en est la conséquence logique. Il existe dès lors
entre l’acte initial et l’événement ultérieur un caractère de nécessité
qui confère au principe du karma la force d’une véritable loi
scientifique.
On
voit ainsi que le karma fonctionne de façon imparable, inévitable.
Comme le dit une phrase de la Vishnusmriti : l’acte suit l’homme, le
trouve sans erreur "comme le veau trouve sa mère dans un troupeau de
mille vaches" (cité par Louis Renou in L’hindouisme). En d’autres
termes, le karma est inéluctable et il est impossible pour l’homme
d’échapper aux conséquences de ses actes. Il en résulte qu’un acte
lointain, éloigné même de plusieurs décennies et dont nous aurions perdu
jusqu’au souvenir, ne va pas nous oublier. Nous serons nécessairement
confrontés à ses conséquences.
Est-ce
à dire qu’il n’y a qu’à se résoudre à la passivité, au pessimisme et
accepter avec résignation un destin funeste ? Pas du tout. La théorie du
karma dégage une voie de l’action juste. Tout acte produisant
nécessairement des conséquences, des actes positifs vont pouvoir
atténuer, voire même effacer complètement les conséquences d’un acte
négatif antérieur. Par exemple, même si l’on a commis un acte très
négatif, on pourra infléchir le cours des événements grâce à un repentir
sincère, à des excuses et à un renoncement effectif à ce type de
comportement. Inversement, si je bénéficie de conditions d’existence
favorables, mais que je me m’adonne à des activités négatives, je vais
ainsi abréger considérablement ma situation positive présente.
Ainsi,
tout karma, qu’il soit positif ou négatif, peut être transformé. La
théorie du karma fonde une éthique de la responsabilité. Dans cette
théorie il nous faut accepter la notion de réincarnation et de
transmission de responsabilité dans une autre vie. Le danger de rejeter
la réincarnation (ce qui est le cas de notre monde occidental) est la
non-responsabilité de nos actes et une pensée d’impunité.
La conséquence de l’acte n’est pas totalement prévisible.
Nous
savons qu’un acte positif engendrera nécessairement pour nous des
conséquences positives et qu’un acte négatif produira obligatoirement
des conséquences négatives. Maintenant, ce principe posé, il n’est pas
possible de prédire ni ce qui surviendra exactement, ni quand cela
surviendra.
Il
est indubitable qu’il existe une relation entre l’acte initial et sa
conséquence, ce lien de cause à effet se traduisant par une certaine "
parenté de nature " entre les deux événements. Ainsi, si je fais preuve
d’altruisme vis à vis d’une personne, je recevrai nécessairement des
marques de bienveillance de quelqu’un. Mais, cette bienveillance pourra
émaner d’une toute autre personne que celle à laquelle j’aurai fait du
bien. Par ailleurs, il ne m’est pas possible de prédire sous quelle
forme cette bienveillance se manifestera.
Tout
aussi imprévisible est le moment où la conséquence de l’acte se
produira. La conséquence peut être immédiate et on parle alors de "
karma de l’instant «. A titre d’exemple, une personne médit d’une autre
et se mord la langue en prononçant ces paroles. Cette auto-morsure
constitue alors la rétribution karmique de l’acte malveillant. Mais le
délai peut être beaucoup plus long. Il est même possible que l’on ne
constate pas en cette vie-ci les conséquences d’un acte perpétré au
cours de cette vie. Par exemple, tel criminel notoire demeure impuni et
coule une existence paisible jusqu’à la fin de ses jours.
Cette
situation injuste, révoltante, constitue-t-elle une entorse, une
réfutation du principe de rétribution des actes ? Nullement. En effet,
la théorie du karma postule que si un acte ne produit pas son effet en
cette vie-ci, il le produira alors ultérieurement, donc dans une vie
future.
Ainsi,
la théorie de la transmigration constitue une conséquence logique de la
théorie du karma. Le karma ayant une force irrépressible, à laquelle il
est impossible d’échapper, si la conséquence d’un acte ne se manifeste
pas en une vie, c’est qu’il existe obligatoirement des vies ultérieures
au cours desquelles le karma précédemment accumulé arrivera à maturité.
Il
est important ici de saisir que les deux théories, celle du karma et
celle de la transmigration, ne sont pas collées l’une à l’autre de façon
arbitraire, mais qu’elles sont intrinsèquement articulées.
Selon
cette théorie de la transmigration, un " quelque chose " de la personne
va survivre à cette personne par-delà la mort et se manifestera à
nouveau dans une autre vie. Ce " quelque chose ", selon les différents
mouvements philosophiques, pourra être appelé de différentes façons.
Dans l’hindouisme, on parlera ainsi de l’atman (âme), tandis que le
bouddhisme, qui réfute l’existence de l’âme, parlera d’un flux de
conscience qui transmigre.
Ainsi,
après avoir énoncé synthétiquement le principe du karma, nous en avons
décomposé les différents éléments constitutifs. Il apparaît maintenant
nécessaire de ressaisir ces composantes éparses en un mécanisme
d’ensemble qui en fasse ressortir la grande cohérence.
La théorie du karma est un mécanisme rigoureux.
Comment
la pensée indienne établit-elle un lien entre la réalisation d’un acte
et la survenance inéluctable d’évènement plus lointain ?
Un
mécanisme opère qui fait intervenir des considérations d’ordre
psychologique et des éléments propres à la nature de l’acte. L’essentiel
de ce mécanisme réside dans le fonctionnement de l’appareil psychique
qu’il convient d’examiner en premier.
Toute
expérience psychique laisse nécessairement un dépôt, une trace dans
l’esprit. Cette idée de dépôt psychique est exprimée par le mot sanskrit
" vasana ".
Ce
terme sert initialement à décrire une opération concrète que l’on peut
appeler " parfumage ". Un parfumage consiste à laisser reposer une
substance odorante (par exemple, un sachet de lavande) dans un coffret
en bois. Très rapidement, ce coffret sera imprégné du parfum de la
lavande, au point que lorsque l’on retirera la substance matérielle (le
sachet de lavande), le coffret en bois continuera à exhaler le parfum.
Cette
expérience matérielle illustre exactement le phénomène psychique
d’imprégnation. Ainsi, lorsqu’un acte psychique vient à la conscience,
quelque chose de l’expérience qui a été vécue va demeurer dans l’esprit.
Et ce " quelque chose " va y produire des effets, alors même que cet
acte aura disparu du champ de la conscience, c’est à dire lorsqu’il aura
été oublié.
Ces
traces mentales sont engrangées dans une partie de l’appareil psychique
appelée manas (traduit par esprit). Elles n’y sont pas mises en vrac de
façon désordonnée. Elles y sont tout d’abord triées, puis classées
selon un certain ordre, en fonction de leur nature. Ces traces vont
ainsi permettre l’élaboration, la constitution des structures de la
personnalité, c’est à dire des traits du caractère propre à chaque
personne.
Ces
vasana, ces traces vont demeurer dans l’esprit (manas) de façon
permanente et indélébile. Elles vont y être maintenues durant tout le
temps de vie de la personne, et même au-delà puisque leur contenu va
transmigrer au moment de la mort de la personne.
Un
autre aspect de ces vasana est leur caractère actif. Cela signifie
qu’ils ne s’accumulent pas passivement comme des caisses dans un
entrepôt de magasin. Ces vasana ont un caractère dynamique, c’est à dire
qu’ils vont à leur tour générer des effets sur le psychisme qui les
engrange. Ceci explique que la structure de la personnalité ne soit pas
figée, fossilisée, mais puisse évoluer constamment, au gré des
expériences psychiques qui sont vécues. Il est ainsi possible de
transformer notre propre esprit, de le refaçonner, en sélectionnant la
nature de nos expériences psychiques.
Après
avoir précisé les caractéristiques des vasana, étudions maintenant les
constructions mentales auxquelles elles donnent naissance.
Les dépôts psychiques (vasana) engendrent des constructions mentales, appelées samskara en sanskrit.
Etymologiquement
samskara désigne un apprêt, c’est à dire la préparation d’une personne
ou d’une chose en vue d’en modifier l’état. Ainsi, dans le langage
courant, quand on apprête une future mariée, on la prépare à passer du
statut de jeune fille à celui d’épouse.
Dans
le psychisme, les samskara structurent la personnalité et préparent
notre esprit à vivre de nouveaux types d’expérience, c’est à dire des
expériences d’une nature différente de celles qui ont déjà été vécues et
engrangées par le passé.
Ce
processus devient très parlant si nous nous référons à un exemple
concret, celui de l’éducation d’un enfant. Par cette éducation, les
parents cherchent à former l’esprit de leur enfant afin de lui permettre
de faire face à toutes sortes de situations, certaines étant
prévisibles, d’autres étant totalement neuves.
Un
autre type d’exemple est l’initiation au Reiki. Par le biais de ce
processus, un maître initiateur active chez une personne une énergie
dite " universelle de vie " (étymologiquement Reiki). Cette énergie lui
permettra de soigner son corps et son esprit (stress, émotions
négatives), d’effectuer des soins à d’autres personnes, et d’envoyer de
l’énergie à travers l’espace et le temps. Ces nouvelles réalisations
permettront à la personne d’élargir son niveau de conscience et d’avoir
une vie plus heureuse et plus épanouie. Son implication dans le service
des autres, si son engagement est sincère et désintéressé, va amener sur
son Karma une très grande positivité.
L’élaboration
des samskara découle de façon automatique des expériences psychiques
antérieurement vécues par la personne. Par conséquent, pour façonner
notre esprit il convient de sélectionner attentivement les expériences
que nous vivons. Si la conscience (buddhi) n’exerce pas de vigilance,
des vasana au contenu négatif pourront ainsi s’insinuer et donner
inéluctablement naissance à des constructions mentales négatives,
sources de souffrance. Par contre, une attention régulière aux
situations dans lesquelles nous nous plaçons, au contenu de nos pensées,
à nos images mentales, tout cela nous permettra de développer une
personnalité harmonieuse et de déployer un potentiel insoupçonné.
Nous
avons ainsi vu que nos actes ne sont pas neutres : ils laissent une
trace (vasana), productrice de constructions mentales (samskara),
lesquelles vont modifier la structure de notre personnalité. Ce travail
de l’acte s’effectue en nous de façon souterraine et inconsciente, sauf à
développer une vigilance de chaque instant.
Ce processus représente la dimension psychologique du mécanisme du karma.
Il convient maintenant d’examiner les caractéristiques de l’acte, souvent méconnues.
La distinction entre résultat apparent et le résultat final de l’acte (Svarga)
Lorsqu’un acte est accompli, il n’est terminé qu’en apparence. Car à ce résultat apparent va succéder un résultat final.
La
compréhension de ce mécanisme est importante pour éviter les
désillusions. Parfois nous sommes focalisés sur l’obtention du résultat
immédiat. Ainsi, le voleur qui parvient à échapper à la police se croit,
à tort, en sécurité : à un moment donné il devra nécessairement faire
face aux conséquences de son acte négatif.
Parfois,
nous cherchons à dépasser le résultat apparent de l’acte en vue
d’obtenir le résultat final. Il en va ainsi dans la pratique du hatha
yoga : telle posture, terminée en apparence sitôt que nous l’avons
accomplie, produira des effets plus lointains qui permettront à la
personne de bénéficier d’une très bonne santé. De même, à l’occasion
d’un soin Reiki on peut ressentir de la chaleur, des fourmillements, de
la détente, ou d’autres sensations et puis prendre conscience le
lendemain que quelque chose de plus profond a été traité en nous (par
exemple, le problème professionnel qui nous préoccupait, nous savons
maintenant comment l’aborder de façon positive, les choses s’étant
dénoué en nous sans que l’on comprenne comment, en faisant confiance et
en lâchant-prise).
La
distinction entre résultat apparent et résultat final permet alors de
distinguer plusieurs phases dans le déroulement temporel de l’acte.
Les différentes phases de l’acte.
Un acte se déroule en trois phases :
- la réalisation de l’acte initial :
La
production de l’acte engage la pensée et le corps de la personne, tous
deux constituants, selon la philosophie indienne, de la matière :
matière corporelle et matière psychique.
- le mûrissement de l’acte :
Durant
cette phase de mûrissement, l’acte poursuit son existence, mais cette
fois-ci de façon invisible, imperceptible, quasi souterraine. Cette
phase se déroule dans le seul psychisme de l’individu qui est constitué
de matière, mais une matière dite subtile (sukshma sharira) qui diffère
de la matière grossière (stuhla sharira) dont le corps physique est
composé. Ce corps psychique subtil est constitué par la mémoire de
toutes nos expériences passées (vasana) et par les structures mentales
organisées (samskara) qui définissent ainsi une personnalité. Ainsi le
processus de mûrissement de l’acte s’effectue dans le corps subtil de la
personne, lequel transmigre au moment de la mort vers un autre corps
physique.
Cette phase de mûrissement dure un temps variable, impossible à déterminer préalablement.
Lorsque l’acte sera parvenu à maturité, un facteur déclenchant provoquera inéluctablement son actualisation.
- le résultat final de l’acte :
Enfin,
survient le résultat de l’acte qui est une nouvelle condition de vie,
un nouvel état. Cette dernière phase engage à nouveau la personne dans
son ensemble, c’est à dire son corps et son psychisme.
Nos
conditions de vie actuelles sont ainsi la conséquence de nos actes
antérieurs, que ceux-ci aient été accomplis en cette vie-ci ou en une
vie antérieure. Dans cette perspective, découlent de notre karma
antérieur l’ensemble des phénomènes suivants : l’espèce dans laquelle un
être prend naissance (humaine, animale, divine, infernale, etc.),
l’identité de nos parents, la durée de notre existence, la forme de
notre corps, la nature de notre psychisme (traits de caractère, centres
d’intérêt, type d’intelligence, etc.), nos conditions de vie (conditions
matérielles, niveau d’éducation, mais aussi le type de rencontres que
nous effectuons).
Par
ailleurs, les événements synchronisés, ces " heureux hasards " qui
surviennent à certains moments de notre existence, trouvent leur
explication dans la théorie du karma : ils sont les résultats finaux
d’un karma antérieur venu à maturité.
Après
avoir ainsi présenté à grands traits les principales caractéristiques
de la théorie du karma, il convient maintenant de préciser l’immense
portée de cette théorie.
La portée de la théorie du karma est d’une grande richesse.
Le
calme que les Occidentaux prêtent souvent aux Asiatiques, et qu’ils
leur envient, provient en grande partie d’une certaine conception de la
vie qui découle de la théorie du karma. En effet, cette théorie possède
une grande force explicative et donne des réponses à des interrogations
essentielles pour l’être humain.
Nous pouvons en citer quelques-unes.
La
théorie du karma rend compte des inégalités individuelles et sociales
que nous constatons entre les individus : différences de caractère,
différences d’aspect physique, différences de milieu social.
La théorie du karma apaise l’esprit
Sur
le plan psychologique la loi du karma permet de mieux s’accepter
soi-même et de mieux accepter des situations que l’on ne peut pas
modifier. Elle nous préserve ainsi d’émotions destructrices.
Ainsi,
à supposer que quelqu’un me fasse du tort, je peux être tenté par le
désir de me venger, je peux cultiver la haine, Mais, si j’intègre que
cette personne aura nécessairement à faire face aux conséquences de ses
actes, alors il m’est alors plus facile de renoncer à ces émotions
délétères.
Par
ailleurs, face à une situation ressentie comme injuste (par exemple, je
souffre d’un handicap, ou bien une maladie rare me frappe), je peux me
sentir abattu et être tenté par le désespoir ou bien me révolter de
façon stérile contre Dieu. Mais si j’intègre que ces circonstances
difficiles sont la rétribution d’actes négatifs que j’aurais
antérieurement commis, je peux alors mieux vivre avec cette situation,
l’assumer plus facilement.
La théorie du karma fonde ainsi une attitude non violente vis à vis de soi-même et vis à vis d’autrui.
Rappelons
toutefois, que la théorie du karma ne justifie nullement le fatalisme
qui consiste à accepter passivement une situation qui pourrait être
modifiée. Si notre vie présente découle de notre karma passé, en
revanche notre condition future découle de notre action présente.
La théorie du karma fonde l’éthique.
Compte
tenu de la puissance de nos actes, l’établissement de règles morales
est justifié. Il est essentiel d’avoir à l’esprit que les actes ne sont
pas considérés comme " bien en soi " ou " mauvais en soi ". Ils sont
uniquement appréciés en relation avec les conséquences qu’ils induisent.
Comme nous pouvons l’expérimenter par nous-même, tout acte produit des
effets. Certains de ces effets s’accompagnent de souffrance, il est
ainsi logique de s’abstenir de tels actes ; d’autres actes engendrent la
joie et le bonheur, il est donc tout aussi rationnel de les promouvoir.
La
théorie du karma fonde ainsi une éthique de la liberté et de la
responsabilité, aux antipodes d’une morale culpabilisante que certains
Occidentaux ont malheureusement pu connaître. Cette vie-ci est
précisément l’occasion de s’en affranchir !
La valorisation de notre vie quotidienne
La
vraie vie est ici. Il est donc important d’être attentif à nos actes
quotidiens. Un sourire bienveillant, une pensée altruiste, prendre
vraiment soin de soi, s’imprégner d’émotions de joie pour mieux pouvoir
la diffuser autour de soi, tout cela constitue des actes positifs, qui
ont des effets bienfaisants pour autrui , mais aussi pour nous. La
théorie du karma nous enseigne que tout acte si minime soit-il, dès lors
qu’il est inspiré par une intention juste, est d’une très grande
puissance.
Nous
pouvons ainsi mener une vie pleine, épanouie en dédiant nos actes
quotidiens au bien de tous les êtres (y compris nous-même). Nos actes
corporels, nos paroles, nos pensées ont vraiment de la valeur, de
l’importance.
Aussi la vigilance est-elle une qualité fondamentale à développer.
La théorie du karma assure un fondement à différentes doctrines du salut.
L’Inde
a développé des voies spirituelles qui visent à mettre un terme à la
souffrance que connaissent les êtres humains. Cette question constitue
même le champ essentiel de la réflexion indienne.
Les
doctrines du Samkhya, du Védanta, du Yoga et du bouddhisme identifient
les causes profondes de cette souffrance : l’ignorance (avydia),
l’attachement et l’aversion. Ces éléments constituent les facteurs
mentaux obscurcissant (kleshas). Il est possible pour l’être humain
d’agir sur ces kleshas qui conditionnent le mûrissement de l’acte.
Il
conviendra donc de dissiper l’ignorance fondamentale, qui selon les
doctrines philosophiques prend des contenus divers. Un travail important
sera effectué sur les émotions afin de ne plus agir sous leur emprise.
La
discipline de l’action, le Karma Yoga, portera alors sur la réalisation
d’actions justes, menées parce qu’elles doivent être exécutées et qui
ne sont motivées ni par l’attachement ni par l’aversion. La Bhagavad
Gita définit ainsi cette discipline : " l’action prescrite dont on
s’acquitte dans la seule perspective qu’il faut l’accomplir, écartant
tout attachement et sans considérer son fruit ".
La
compréhension de la théorie du karma permet à chacun de nous de choisir
librement sa vie. Si nos actes antérieurs ont conditionné notre vie
présente, notre vie future dépend de nos actes présents. Il y a ainsi
une voie de l’action juste et libératrice de la souffrance.
Les Divers Karmas.
Les Karmas ne sont pas seulement liés aux individus mais aussi aux nations, aux races.
Nous pourrions répertorier certains de ces Karmas allant du Microcosme au Macrocosme :
1- Le Karma de l’individu
créé au cours des siècles lors de ces différentes vies. Dans chacune de
ses vies il a vécu de diverses manières en créant le bien ou le mal.
Dans la tradition Egyptienne à sa mort ont disait le Dieu Maât pesait le
cœur du défunt. Le cœur du défunt -siège de la conscience, de ses
pensées, et de sa mémoire- est déposé sur le plateau d'une balance,
tandis que sur l'autre se trouve une plume d'autruche symbolisant Maât,
déesse de la vérité et de la justice. Si le cœur pèse autant que la
plume, c'est que le mort a vécu selon les règles de la morale et peut
accéder à la vie éternelle. Si le cœur pèse plus lourd, il a vécu dans
le mal : il sera avalé par la "Grande dévoreuse". La "Grande dévoreuse"
est un monstre, de sexe féminin, qui se trouve à proximité de la balance
prête à dévorer le cœur du défunt et elle condamne celui-ci à une mort
certaine.
2- Le Karma familial
créé comme celui de l’individu au cours de diverses incarnations dans
cette même famille et que nous appelons « Hérédité ». Qui nous lie à nos
parents et qui nous assujetti lors de nos 14 premières années.3- Le Karma d’une Nation lié à l’histoire de cette nation et qui nous définit auprès des autres peuples. Notre nationalité va définir nos relations avec d’autres Pays.
4- Le Karma de l’humanité par rapport à son passé, son présent et son futur. (Voir l’évolution des races dans le chapitre « L’Atlantide ».
5- Le Karma de la Terre qui est lié à l’ensemble de l’humanité, mais aussi à tous se qui vit sur Terre. Nous sommes liés à celle-ci, non seulement par nos incarnations en temps qu’humain, mais également responsable de son Karma par la relation de l’ensemble de l’humanité avec elle.
6- Le Karma de notre Univers dans son évolution à travers le Cosmos.
Il
faut savoir que chacun d’entre nous est lié à ces 6 Karmas et
probablement à bien d’autres, car nos incarnations n’ont pas toujours
été humaines. Nous pouvons supposer que nous avons eues des incarnations
animales, végétales et extra-terrestres. Cela nous fait supposer qu’à
l’époque où nous vivons notre Karma est lourdement chargé.
Le Karma de l’individu.
La
plupart des humains ont vécues sur cette terre des milliers de vie.
Dans chacune de nos vies nous avons réglés certaines dettes de nos vies
précédentes. Nous avons également créés de nouvelles dettes que nous
devrons réglés dans les prochaines vies. Il faut savoir que chaque
méfait, chaque vilenie, chaque acte ayant entrainé un tort à autrui
devra un jour être réglé. Mais chaque bienfait, chaque acte d’amour ou
de compassion, chaque vie de renoncement diminue cette dette. En prendre
conscience aujourd’hui et renoncé à faire ou penser du mal d’autrui, à
respecter tout être et toute vie, permettra de libérer beaucoup d’actes
négatifs de notre Karma. La plupart des maladies qui apparaissent dans
notre vie sont liés à notre Karma et ne peuvent être résolu que par une
grande spiritualité. Chez certains humains leurs Karmas est tellement
lourds qu’ils leurs faut parfois plusieurs vies pour l’alléger. Par
contre chez d’autres, par des vies de compassion et de service de
l’humanité leur Karma est tellement léger que leur réincarnation sur
terre se fait sous forme « d’Avatar ».
Le Karma familial.
Est
quant à lui lié à notre hérédité. A notre naissance notre filiation à
notre famille nous lie pendant un certain temps à l’histoire de
celle-ci. Même si elle est évidente dans les familles à grand nom elle
est toute aussi évidente dans les familles dites méconnus. Nous
retrouvons souvent dans les familles des militaires de père en fils, ou
des corporations liées à une famille. Dans beaucoup de familles par
leurs liens à une religion nous retrouvons des prêtres ou des
prêtresses. Certaines âmes n’hésitent pas à se réincarner dans
certaines familles pour vivre une expérience. D’autres se réincarnent
dans la même famille pour résoudre certains problèmes qu’ils ont créés,
ou encore pour venir en aide à un descendant. D’autres âmes choisissent
une famille pour se délier d’un cycle de vies sans fin avec le même
problème. L’appartenance à telle ou telle famille peuvent créer de
lourdes hérédités qui entraînent ce qu’on appellent les maladies
héréditaires.
Le Karma d’une Nationalité.
Est je pense aussi le choix de notre Ame avant son incarnation. Pour cela il peut y avoir des raisons diverses :- Naturellement la plus forte est celle de l’incarnation précédente.
- Mais il peut aussi y avoir aussi la relation avec le Karma familial.
- Ou une relation historique liée à la nation choisie.
Quel
que soit la raison de l’incarnation dans telle ou telle nation, cela
nous lie pratiquement toute notre vie, dans nos actes, notre
comportement, nos décisions et notre langage.
Dès
que nous croisons un humain d’un autre pays sa première impression sera
liée à notre nationalité. Même si nous ne sommes pas d’accord avec la
politique de notre pays nous sommes quand même vus par autrui à travers
elle. Certaines épidémies ou certaines maladies sont liées à notre
appartenance à certaines nations. Certains pays par leur comportement
guerrier traînent derrière eux des malédictions qui sont souvent
difficile à effacer. Les grandes Civilisations ont même disparues pour
les mêmes causes. De grandes Civilisations comme l’Atlantide ont dû
disparaître à cause de l’utilisation de la Magie Noire. Et certaines
nations de notre terre sont encore marquées aujourd’hui par leur Magie,
leur tempérament meurtrier ou leur cruauté.
Le Karma de l’humanité.
Est
probablement le plus lourd à porter aujourd’hui car il intègre toute
les nations et toutes les civilisations passées et à venir.
L’appartenance de chaque humain à ce Karma le lie à tous ce que les
humains ont créé de bien ou de mal sur cette terre. Malgré notre
position pour ou contre l’écologie sur cette terre, nous sommes tous
responsable de la pollution. Chacun de nous est liés aux méfaits de
l’humain, sur le genre animal, sur la végétation et sur notre mère
Terre.
Le Karma de la Terre.
Comme
toute être et toute vie la terre elle-même a son Karma, son histoire et
son avenir. Il serait ici mal venu par ignorance de vouloir le définir.
Tout ce qu’on pourrait dire est que l’avenir de l’humanité est lié à ce
Karma et que nous pouvons l’alléger par notre comportement.
Quant au Karma de l’Univers, même s’il a des conséquences sur notre évolution, il appartient à la création.
L’Âme et le Karma
Le Karma fait partie de la loi d’Evolution.
C’est
à l’aide du Karma que notre âme va suivre son chemin vers un état plus
élevé, pour cela il nous faudra maîtriser nos instincts. Au début de la
création de l’homme il a fallu que celui-ci domine ses instincts
primitifs afin de s’imposer envers les autres règnes ; minéral, végétal
et animal. Après avoir été dominé par ces règnes ; il a réussi, grâce à
son Mental et son intelligence À s’imposer à ceux-ci. Pendant des
siècles il a régné en maître sur tous les règnes de la Terre.
Dès
l’apparition de l’homme sur la terre une longue suite de
transformations va commencer. L’âme, profondément liée au corps, va
suivre ses lois. Se nourrir et durer seront ses impératifs, et pour cela
tous les moyens seront bons. Cruelles, brutales, les âmes ne trouvent
que dans la vie terrestre la force qui les contraint à avancer et leur
séjour dans l’au-delà est très court. L’Evolution, portant sur des
sentiments instinctifs et violents, est, au début, accélérée.
La
densité des âmes ne leur permet pas de dépasser le pourtour de la
terre. Elles sont guidées par des forces qui les amènent à se réincarner
rapidement. Le jugement est sommaire et, comme l’état ambiant est
affreux, le choix des vies est restreint.
L’homme
doit être broyé par des forces impitoyables afin d’être débarrassé peu à
peu de l’épaisse gangue de matière où s’ensevelit son âme. Apeuré,
inquiet, il tue pour subsister (triste loi qui est toujours la nôtre).
Il tue pour se défendre et ses progrès sont lents. De ces vies atroces
et courtes nous ne parlerons que peu. Embryon de conscience, embryon de
cerveau ne permettent pas l’exercice de cette loi de Karma comme nous
l’entendons aujourd’hui. Elle joue cependant, car, si le Karma est la
loi des conséquences, il est aussi une loi d’équilibre.
Outre
l’Evolution des âmes qu’elle assure, elle est un contrepoids aux
pensées et aux actes humains ainsi qu’aux vibrations qu’ils créent.
Cette loi permet de sauver de la destruction les âmes et la terre, et
même le Cosmos tout entier, car l’équilibre doit être partout pour que
tournent les Soleils et se continue la Création.
Peut-on
imaginer ces vibrations de violence, d’avidité, d’égoïsme émises par
les hommes primitifs sans penser à la force explosive qu’elles
représentaient et que venaient compenser et la souffrance individuelle
et des décharges terrifiantes des forces cosmiques. La face de la terre
se transformait constamment sous l’influence de ces forces, exigeant des
âmes des efforts constants d’adaptation.
Pour
l’instant, le développement de l’humanité étant ce qu’il est, c’est par
des cataclysmes que s’équilibre la terre, face aux vibrations émises
par les hommes. Enfin, après des vies et des vies, une lueur va
s’éveiller dans les âmes. Une douceur est venue d’une compagne de vie et
de chasse qui partage les dangers et les proies. Cette lueur est le
premier signe de l’éveil de l’âme au sein de cette matière épaisse et
dure. Toutefois elle reste bien pâle, car l’homme est uni encore à une
force élémentale et instinctive qui le domine. Mais la vie invisible va
devenir plus longue, car ce sentiment d’attachement crée une force qu’il
retrouvera dans l’au-delà.
Elle
lui permettra d’être en contact avec des guides qui l’aideront. A
mesure que l’âme évoluera, qu’elle deviendra plus riche de sentiments,
ses vies terrestres se nuanceront de plus en plus et une nouvelle phase
de l’Evolution humaine commencera. La douceur du foyer se précisera, se
fixera ; les enfants en deviendront partie intégrante, créant la tribu,
source d’Evolution nouvelle.
Enfin
une lueur vraiment humaine surgira de cette âme. Dès ce moment,
d’autres plans s’ouvriront ; l’aide viendra de plus en plus abondante,
et la loi du Karma commencera à jouer sur le plan individuel.
Cette
loi du Karma, loi des conséquences et loi d’équilibre, est absolument
mécanique et s’applique avec rigueur, car elle est en puissance dans la
loi de Création. Si nous la considérons en elle-même, elle est sans
atténuation ni rémission, car elle ne requiert, pour être appliquée,
aucune force extérieure à l’âme. Nous devons rappeler ici ce fait que
chaque acte, chaque pensée, chaque parole est vibration, et que, ainsi,
rien de ce qui a été fait, pensé et dit par l’homme ne se détruit, sauf
par l’émission de vibrations contraires annulant les premières.
Chaque
vibration est liée par un caractère particulier à celui qui l’a émise,
et c’est donc par lui qu’elle devra être détruite. Toutefois une
interpénétration des âmes se fait par l’Amour qui les unit. C’est
pourquoi les prières faites pour les autres, les intercessions
particulières ou générales peuvent avoir des effets favorables sur un
Karma individuel ou collectif.
Il
est enfantin de penser à une réparation individuelle des torts causés,
car la complexité des destins est grande et l’acte, mauvais en soi, a pu
être pour celui qui l’a subi une aide et non un tort sur le plan
spirituel. C’est à l’âme qui a décidé et accompli cet acte que le tort a
été causé. Il importe donc peu que s’adresse à celui qui a subi une
peine la réparation nécessaire puisqu’il s’agit moins d’un rachat que de
l’annulation de vibrations nocives, et de la transformation de l’âme
devenue incapable de concevoir et d’accomplir cet acte. Elle a, du
reste, en elle une force innée qui l’informe et guide vers son but
définitif et lui permet d’émettre des vibrations contraires à celles qui
lui sont habituelles.
Par quelle voie cette transformation va-t-elle s’accomplir ?
Par la souffrance d’abord et par des retours douloureux à la vie matérielle.
Le
Karma ne s’exerce pas seulement sur les individus. Il a son effet
également sur les peuples et sur les races, car c’est à travers toutes
les conditions où se développent les âmes que le Karma a ses effets et
il faut bien dire que cette loi, infiniment complexe, ne peut être
étudiée que théoriquement, car individus, peuples et races sont si
étroitement mêlés qu’un enchaînement très compliqué forme le Karma de
chacun.
Il
serait imprudent de ramener à la mesure humaine ces Lois prodigieuses
qui permettent l’équilibre de l’Univers tout entier. Ne considérer le
Karma que sous l’angle humain c’est fausser irrémédiablement les données
du problème. Une étroite solidarité unit, non seulement la Création,
mais tout l’Univers. Chaque système solaire est comme une entité qui se
trouve agir et exister au même rythme et qui a aussi son Karma. Ainsi,
de groupe en groupe, de monde en monde, s’étend la fraternité des
Créations de Dieu. S’il faut se limiter à l’étude des conditions de la
vie terrestre, il faut aussi savoir que cela n’est qu’une très petite
partie du problème. Il n’est pas surprenant qu’ainsi mutilé il
apparaisse parfois bien puéril.
La Réincarnation
La
Réincarnation est le moyen le plus efficace du Karma, celui qui assure
aux âmes les améliorations les plus rapides et les plus complètes. Elle
donne aux âmes humaines, avec la possibilité de leur Evolution propre,
celle d’agir sur la matière de leurs différents corps, afin de
l’évoluer.
Pendant
la première période de la vie humaine sur la terre, l’âme était
réservée à des incarnations très rapprochées, car la force nécessaire
pour demeurer dans l’invisible était très réduite. En effet, l’âme,
étroitement unie à la matière terrestre, ne s’exerçait que peu à se
séparer de cette matière pour vivre d’une vie indépendante et, les
véhicules n’ayant pas été préparés sur la terre, elle ne disposait que
de peu de forces pour sa vie de l’au-delà et devait se replonger
rapidement dans la vie matérielle. Les occasions, du reste, en étaient
fréquentes, car la vie humaine, soumise à des conditions très précaires,
était très courte et les naissances se succédaient très rapidement.
Puis l’âme a réussi peu à peu à dominer une part des forces matérielles,
évoluant assez pour se préparer une sorte de corps plus subtil,
s’accordant avec les plans les plus bas du monde invisible. A ce moment,
la vie dans l’au-delà sera plus longue, et la puissance de l’âme se
développera.
Nous
allons essayer de comprendre pourquoi et comment l’âme à besoin de se
réincarner. Si nous considérons un être humain dans sa vie incarnée,
nous constatons qu’il apporte avec lui un potentiel de forces, et que,
ce potentiel épuisé, il meurt. Nous constatons aussi qu’il a, pendant sa
vie, deux formes d’activité:
-
l’une entièrement physique et matérielle qui consiste à se nourrir, à
se reproduire et à agir sur ce plan en tout ce qui le concerne.- L’autre, qui n’a rien à voir avec la matière, satisfait une autre face de l’être: c’est l’activité intellectuelle, et surtout altruiste.
La
force créée par ces dernières ne se manifeste que peu sur la terre et
c’est précisément elle qui permettra à l’âme de vivre plus ou moins
longtemps dans le monde invisible. En conséquence, nous pouvons dire que
l’homme apporte de l’invisible un potentiel déterminé de forces qui
conditionnent sa vie incarnée et que, de cette vie il emporte une autre
force dont dépend son séjour dans l’au-delà. Comme le dynamisme physique
s’épuise pendant la vie terrestre, un moment vient où les forces
spirituelles emportées de la terre ont aussi leur fin et le problème se
pose de savoir comment l’âme va pouvoir se recharger de forces pour
exister et durer.
En
général, une sorte de chute vibratoire la fait repasser par tous les
états qu’elle a connus après la mort et elle s’entoure à nouveau de
matière de plus en plus lourde jusqu’au moment où elle peut retrouver,
par l’intermédiaire des parents la matière dernière qui lui permettra de
recommencer le cycle de ses vies et d’acquérir à nouveau des forces
suffisantes afin de se libérer pour un temps des nécessités du corps.
Nous
voyons ainsi clairement comment les âmes vont et viennent du visible à
l’invisible, changeant non de vie ni de nature, mais d’état, et
travaillant ainsi à se pourvoir de matière de plus en plus subtile
permettant des séjours de plus en plus prolongés dans l’au-delà.
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