vendredi 24 avril 2015

Je fais, donc je suis.



Le lien qui t’unit à ta vraie famille n’est pas celui du sang, mais celui du respect et de la joie dans la vie de chacun des membres. Il est rare que les membres d’une même famille grandissent sous un même toit.
- Richard Bach


Selon les conceptions habituelles, notre identité est purement et simplement un amalgame d’acquis sociaux, fruit d’un hasard contextuel et culturel. Quant à notre biologie, à laquelle nous nous identifions aussi, notre corps n’est rien d’autre qu’une froide hérédité que la vie nous impose de génération en génération. La médecine est formelle à cet égard : notre corps est une machine dont les plans ont été hérédités avant notre naissance et qui est soumis aux intempéries bactériennes, virales, etc. Idem pour la psychologie : il n’est rien de nous qui ne soit pas mécanique cérébrale sous influences externes. Ainsi coulées dans un bloc de déterminisme, notre vie et notre identité se sont cristallisées d’elles-mêmes dans un passé, devenu présent, et qui demeurera ainsi. Les matériaux sont sélectionnés à l’avance et le quotidien fait office de forgeron : nos traits physiques, nos prédispositions mentales, le pays, l’époque et la famille. Et comme on dit de cette dernière : on ne l’a pas choisie.
Par contre, si nous osons l’approche métaphysique, les mots de Richard Bach prennent alors plus de sens et nous pouvons nous permettre une interprétation plus large et moins conventionnelle de notre « identité ». Si pour un moment nous dégageons la conscience de son carcan matérialiste qui la définit comme n’étant qu’un ensemble complexe de réactions biochimiques, nous pouvons risquer des hypothèses qui soient plus en adéquation avec nos ressentis : déjà vu, âme sœur, synchronicité, coup de foudre, etc. Le toit sous lequel nous avons grandi ne détermine pas nécessairement notre caractère ou nos talents pas plus que les membres de notre famille biologique forment, sur le plan affectif ou intellectuel, notre réelle « famille ».
Par contre, peut-être avons-nous hérité de toutes ces caractéristiques parce que nous avions besoin d’y comprendre quelque chose. La vie n’est que leçons, dit-on, et il m’est avis que peu importe ce qu’on nous a transmis, nous devrons en trier le bon grain de l’ivraie : laisser de côté ce qui ne nous convient pas et entretenir ce qui nous nourrit.
S’il y a bien une façon d’honorer nos origines, c’est en apprenant de ces dernières.
Pourquoi? Parce qu’on ne peut rien y changer, nos origines sont ce qu’elles sont : du passé – aussi lointain soit-il, hérédité et généalogie obligent. Nous ne pouvons rien changer, non plus, aux influences socioculturelles auxquelles nous avons été soumis : elles ont laissé dans leur sillage une marque indélébile gravant en nous un bagage d’expériences. Par contre, au final, ce n’est pas ce bagage (ni physique ni psychologique) qui nous définira, mais ce que nous en ferons.
Et par « faire » il faut comprendre ici que nos accomplissements sociaux ou nos réalisations matérielles ne sont que les résultantes extérieures de nos actions, mais que c’est uniquement la composante intérieure qui aura un réel impact sur ce que nous sommes. Ni médaille, ni découverte scientifique, ni diplôme n’a de valeur intrinsèque : ce sont les raisons pour lesquelles nous prenons action qui importent et non les conséquences matérielles.
L’important n’est pas ce que tu fais, mais pourquoi tu le fais.
Sois conscient de tes motivations.
Chaque habileté que nous possédons est une occasion de l’utiliser pour faire la courte échelle à chacune des faiblesses en nous que ce soit en brodant des pantoufles ou en décrochant un Oscar. Il n’y a, ultimement, ni bien ni mal et toutes les expériences vécues, plaisantes ou douloureuses, ne sont que des données qui se sont accumulées en notre être et elles sont, pour ainsi dire, neutres : ce sont des opportunités de parvenir à une meilleure compréhension de ce que nous sommes réellement ou, mieux, de ce que nous pouvons devenir.
Nos origines, ce sont les outils à notre disposition pour construire notre « demeure philosophale » et découvrir notre réelle identité.
Accuser notre passé, aussi douloureux soit-il, de nos malheurs présents est une grave erreur : nos expériences et notre biologie sont les matières premières nécessaires à notre apprentissage et nous devons en tirer profit. Qui plus est, bien que nous ne puissions changer les faits passés ou notre biologie, nous pouvons en modifier notre perception et c’est là tout un levier! Une indispensable force d’action qu’il nous est possible d’utiliser sur nous-même. C’est là un très bon exemple d’action intérieure, de réellement « faire » tout comme les sont les pratiques du rappel de soi et de la considération externe. Encore et toujours, c’est la dimension intérieure qui importe.
Lorsqu’adolescent nous vivons une crise d’identité, c’est que nous sentons qu’au-delà des apparences, au-delà des paramètres prédéfinis de ce que nous « sommes », se trouve autre chose : nous-même. Une essence au parfum particulier qui persiste malgré un bagage originel et un contexte social permanent. C’est naturellement oser l’hypothèse que nous serions plus que la somme de nos expériences et de notre biologie. C’est s’ouvrir au fait que notre réelle identité puisse être immatérielle à un tout autre niveau que celui d’un sous-produit neurochimique. Et c’est supposer qu’il y a « une raison à tout cela » bien plus grande que ne l’entend le statu quo officiel de la réussite sociale et du Lego biologique. Notre identité, la vraie, trouve alors ses racines tout aussi bien dans les étoiles, les galaxies et les ondes gravitationnelles instables : dans la conscience.
Donc, s’il est une recette magique qui nous permette de devenir pleinement cette « essence persistante », cette « identité invisible », elle ne peut résider que dans l’action, dans l’actualisation de nos potentiels et dans le fait de donner libre cours à notre propension naturelle et innée de créer et, donc, de se réaliser : deus ex machina. Aller de l’avant, toujours plus loin, tester et repousser nos limites, oser le rêve fou, s’aventurer dans l’inconnu, vaincre nos peurs, poursuivre le but prétendument inatteignable, étudier un nouveau domaine, peindre pour la première fois… On dit que « nous les reconnaîtrons à leurs fruits », il en va de même pour nous aussi.
La vie est par définition relationnelle et chacune de nos actions a des répercussions directes et indirectes sur notre propre essence, sur notre conscience. Se renseigner, douter, tester… méditer, créer, réfléchir… jouer, apprécier, danser… résister, combattre, lutter… avouer, aimer, pardonner : apprendre la vie, c’est s’apprendre soi-même. Et s’apprendre soi-même, donc désirer ardemment se connaître, c’est essentiellement forger son identité : c’est être.
Le réel amour est connaissance et tes questionnements sont séduction face à la vie.
Il n’y a pas de rêves insignifiants (soient-ils oniriques ou éveillés) tout comme il n’y a pas de questionnements stupides ou de doutes préjudiciables : chaque action intérieure de notre part en est une qui nous bâtit toujours un peu plus.
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- Webmestre Zone-7

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