" Il y a très, très longtemps, lorsque les êtres humains
n’étaient pas incarnés dans leur corps physique comme ils le sont
aujourd’hui, un homme (où était-ce une femme ?) avait fabriqué un masque
merveilleux – un masque qui pouvait avoir plusieurs visages.
Cet homme avait l’habitude de mettre son masque et de s’amuser en accostant soudainement les passants et en observant leurs réactions. Parfois, le masque souriait, parfois il pleurait, parfois même, il grimaçait et se renfrognait. Ses victimes étaient toujours choquées à la vue de ce visage tellement extraordinaire, étrange et si peu naturel – même lorsqu’il souriait. Mais que ces personnes rient ou pleurent était sans importance pour notre homme. Tout ce qu’il voulait, c’était l’excitation due à leurs réactions. Il savait bien que c’était lui derrière le masque. Il savait que le farceur, c’était lui – et que la farce était à leurs dépens.
Au début, il sortait avec le masque deux fois par jour. Puis, s’habituant à l’excitation que lui procurait cette activité, et en en voulant encore davantage, il commença à le porter toute la journée. Finalement, il n’éprouva plus le besoin de l’enlever et le garda pour dormir.
Durant des années, l’homme parcourut le pays en s’amusant derrière son masque. Puis un jour, il s’éveilla avec une sensation qu’il n’avait jamais ressentie auparavant – il se sentait seul, divisé, quelque chose lui manquant.
Bouleversé, il bondit hors de chez lui pour se trouver face à une très belle femme – et en tomba immédiatement amoureux. Mais la femme cria et s’enfuit, choquée par ce visage étrange et effrayant.
« Arrêtez-vous, ce n’est pas moi ! » cria-t-il en tordant son masque pour l’arracher. Mais c’était lui. Impossible de détacher le masque. Il était collé à sa peau. Il était devenu son visage.
Cet homme, avec son masque fabuleux, fut la première personne à entrer dans ce monde malheureux.
Le temps passa. Malgré sa ténacité et les efforts qu’il déploya pour annoncer à tous le désastre qu’il s’était infligé, personne n’était prêt à le croire. D’autant plus que personne n’était intéressé à l’écouter, puisque tout le monde l’avait imité. Tous avaient mis leur propre masque – afin de connaître eux aussi la nouvelle excitation de jouer à être ce qu’ils n’étaient pas. Comme lui, ils étaient tous devenus le masque.
Mais désormais quelque chose de pire était arrivé. Non seulement ils avaient oublié la farce et le farceur, mais aussi ils avaient oublié la façon de vivre joyeusement, en tant qu’être sans masque. " (1)
Cet homme avait l’habitude de mettre son masque et de s’amuser en accostant soudainement les passants et en observant leurs réactions. Parfois, le masque souriait, parfois il pleurait, parfois même, il grimaçait et se renfrognait. Ses victimes étaient toujours choquées à la vue de ce visage tellement extraordinaire, étrange et si peu naturel – même lorsqu’il souriait. Mais que ces personnes rient ou pleurent était sans importance pour notre homme. Tout ce qu’il voulait, c’était l’excitation due à leurs réactions. Il savait bien que c’était lui derrière le masque. Il savait que le farceur, c’était lui – et que la farce était à leurs dépens.
Au début, il sortait avec le masque deux fois par jour. Puis, s’habituant à l’excitation que lui procurait cette activité, et en en voulant encore davantage, il commença à le porter toute la journée. Finalement, il n’éprouva plus le besoin de l’enlever et le garda pour dormir.
Durant des années, l’homme parcourut le pays en s’amusant derrière son masque. Puis un jour, il s’éveilla avec une sensation qu’il n’avait jamais ressentie auparavant – il se sentait seul, divisé, quelque chose lui manquant.
Bouleversé, il bondit hors de chez lui pour se trouver face à une très belle femme – et en tomba immédiatement amoureux. Mais la femme cria et s’enfuit, choquée par ce visage étrange et effrayant.
« Arrêtez-vous, ce n’est pas moi ! » cria-t-il en tordant son masque pour l’arracher. Mais c’était lui. Impossible de détacher le masque. Il était collé à sa peau. Il était devenu son visage.
Cet homme, avec son masque fabuleux, fut la première personne à entrer dans ce monde malheureux.
Le temps passa. Malgré sa ténacité et les efforts qu’il déploya pour annoncer à tous le désastre qu’il s’était infligé, personne n’était prêt à le croire. D’autant plus que personne n’était intéressé à l’écouter, puisque tout le monde l’avait imité. Tous avaient mis leur propre masque – afin de connaître eux aussi la nouvelle excitation de jouer à être ce qu’ils n’étaient pas. Comme lui, ils étaient tous devenus le masque.
Mais désormais quelque chose de pire était arrivé. Non seulement ils avaient oublié la farce et le farceur, mais aussi ils avaient oublié la façon de vivre joyeusement, en tant qu’être sans masque. " (1)
Cette fable invite chacun d’entre nous à prendre conscience de la
mascarade à laquelle il se livre. Quel rôle jouons-nous avec notre
entourage ? Montrons-nous notre vraie nature ou un maquillage permanent
de nous-mêmes ? Qui se cache derrière le masque ? Lorsque nous nous
trouvons face à quelqu’un, nous ne montrons que peu de nous même et
préférons rentrer dans un jeu de séduction et de manipulation. Car
qu’est-ce que la séduction sinon de la manipulation en voulant montrer à
l’autre une seule facette de notre être et parfois en la créant de
toute pièce ?
Nous sommes des êtres en perpétuelle représentation. Nous nous mentons à un tel point que l’on finit par croire en ce que nous montrons, c’est-à-dire à cette couche de vernis que nous avons étalée sur notre âme afin de masquer nos faiblesses et pour répondre à ce besoin d’amour que l’on quémande sans cesse. Lorsque nous dialoguons, nous séduisons et faisons preuve de trésors d’imagination pour nous adapter à l’autre et ne pas montrer qui l’on est. On appelle cela la politesse, le tact, l’éducation, la diplomatie... Mais qui sommes-nous ? À priori des êtres pétris de contradictions, assiégés de peurs, de ressentiments, de conditionnements, d’aprioris, de sentiments de jalousie. En somme, des faiblesses bien humaines. Tout cela n’est pas très flatteur, mais si l’on veut bien creuser un peu plus, l’on peut découvrir toute autre chose. Une nature innocente, joyeuse, aimante. Un espace lumineux, mais voilé par un esprit fragmenté et un ego qui nous divise.
Prendre conscience de ce masque est une première forme d’honnêteté. C’est prendre conscience de nos faiblesses et de tous ces conditionnements qui font de nous des acteurs de théâtre plutôt que des êtres vivants au plus près de leur ressenti. C’est ne plus s’attacher au paraître, à la flatterie ou craindre la moquerie. C’est vivre en toute authenticité. Encore faut-il pour cela être au clair avec ce qu’il y a derrière le masque, et là c’est une toute autre histoire !
Nous sommes des êtres en perpétuelle représentation. Nous nous mentons à un tel point que l’on finit par croire en ce que nous montrons, c’est-à-dire à cette couche de vernis que nous avons étalée sur notre âme afin de masquer nos faiblesses et pour répondre à ce besoin d’amour que l’on quémande sans cesse. Lorsque nous dialoguons, nous séduisons et faisons preuve de trésors d’imagination pour nous adapter à l’autre et ne pas montrer qui l’on est. On appelle cela la politesse, le tact, l’éducation, la diplomatie... Mais qui sommes-nous ? À priori des êtres pétris de contradictions, assiégés de peurs, de ressentiments, de conditionnements, d’aprioris, de sentiments de jalousie. En somme, des faiblesses bien humaines. Tout cela n’est pas très flatteur, mais si l’on veut bien creuser un peu plus, l’on peut découvrir toute autre chose. Une nature innocente, joyeuse, aimante. Un espace lumineux, mais voilé par un esprit fragmenté et un ego qui nous divise.
Prendre conscience de ce masque est une première forme d’honnêteté. C’est prendre conscience de nos faiblesses et de tous ces conditionnements qui font de nous des acteurs de théâtre plutôt que des êtres vivants au plus près de leur ressenti. C’est ne plus s’attacher au paraître, à la flatterie ou craindre la moquerie. C’est vivre en toute authenticité. Encore faut-il pour cela être au clair avec ce qu’il y a derrière le masque, et là c’est une toute autre histoire !
(1) Extrait tiré de l’ouvrage de Barry Long : « Seule meurt la peur » Les Éditions du Relié
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