vendredi 17 novembre 2017

Ce qu’est la blockchain

 

 

Comprendre la technologie Blockchain

Imaginez que vous marchez dans une rue bondée, qu’un piano tombe du ciel et qu’il s’écrase par terre sous le regard d’une douzaine de personnes. Dans la seconde qui suit, chaque témoin de l’évènement est interrogé et passe au détecteur de mensonge en racontant exactement ce qu’il a vu. Tous racontent précisément la même histoire. Y a-t-il le moindre doute sur le fait que le piano est bel et bien tombé du ciel ?

C’est le principe qui se trouve derrière la blockchain, une puissante invention qui pourrait bouleverser notre relation au monde digital. La blockchain est aujourd’hui connue avant tout comme étant la technologie qui soutient le bitcoin. Mais des spécialistes de différents secteurs commencent à s’extasier sur son potentiel pour de multiples autres utilisations. Il y a environ un an, Marc Andreessen, le doyen des « venture capitalistes » de la Silicon Valley, parlait de la blockchain comme la plus importante invention depuis celle d’Internet.
Si la blockchain était aussi simple que l’analogie de ci-dessus, pourquoi les discussions à son sujet semblent-elles être la chasse gardée de nerds de la tech et de crypto-anarchistes ?

Le Bitcoin: un parent gênant

Le problème tient au fait que pour la plupart des gens, le concept de la blockchain est intrinsèquement lié à la monnaie digitale bitcoin – un système compliqué et controversé. Certains considèrent le bitcoin comme une simple mode vouée à mourir, provoquant au passage la ruine de multiples investisseurs individuels. D’autres pensent au contraire que le bitcoin va bientôt engloutir le système monétaire mondial, ouvrant la voie à une nouvelle ère financière démocratique, au pouvoir redistribué. Le fait est, quoi qu’il en soit, que la valeur du bitcoin comparé aux autres monnaies a fortement fluctué ces dernières années, et que le bitcoin permet l’existence d’un marché mondial de plusieurs milliards de dollars d’achats quasi-anonymes.
Mais indépendamment de l’opinion de chacun sur le futur du bitcoin, presque tout le monde s’accorde à dire que son innovation la plus fondamentale, la blockchain, est extrêmement prometteuse. Elle permet à de parfaits inconnus de conserver et d’échanger de la monnaie digitale d’une façon complètement transparente – sans devoir faire confiance à l’autre ou à la moindre autorité centrale.

Un fonctionnement fondé sur le contrôle par la majorité

Qu’est-ce que la blockchain ? Essentiellement, juste une écriture comptable d’opérations numériques, partagées entre de multiples parties prenantes. Elle ne peut être mise à jour que par consensus entre une majorité de participants au système. Et, une fois entrée, l’information ne peut jamais être écrasée. Ainsi, la blockchain du bitcoin contient un enregistrement certain et vérifiable de la moindre transaction bitcoin jamais réalisée.

Reprenons l’analogie du piano qui chute, développée dans la partie 1. Les spectateurs qui s’accordent sur les évènements de la blockchain sont dans la réalité des « nœuds de calculs », des dizaine de milliers d’ordinateurs isolés les uns aux autres géographiquement. Le détecteur de mensonge est dans la réalité ce qu’on appelle une « preuve de travail » (« proof of work ») : un processus crypté, qui prouve que l’avis émis par le « noeud de calcul » est issu du bon processus de calcul, que telle étape a été respectée, etc. Pour falsifier des évènements dans la blockchain, c’est-à-dire faire croire que le piano n’est pas tombé, il faudrait donc rassembler plus de la moitié des noeuds, c’est-à-dire des gens ayant vu le piano tomber, et leur faire dire la même chose (que le piano n’est jamais tombé), exactement au même moment, sans qu’ils aient pu se coordonner auparavant. C’est impossible pour le piano ; ça ne l’est pas moins pour la blockchain.
Les conséquences sont potentiellement gigantesques. Ce système permet en effet aux gens de connaître tout ce qui se produit dans le monde digital, et ce avec certitude. Aujourd’hui, chaque interaction que vous avez en ligne repose sur une autorité centrale de confiance. Peu importe ce que vous faîtes en ligne, vous faîtes confiance à quelqu’un pour vous dire la vérité – que ce soit votre banque lorsqu’elle vous donne votre relevé de compte, votre service de messagerie emails lorsqu’il vous dit que votre message a bien été evoyé, ou votre logiciel antivirus lorsqu’il vous informe que tout est sous contrôle.

Une technologie qui promet de sécuriser le digital

Mais il y a toujours le risque, en réalité, qu’un des fournisseurs d’informations mente, ou simplement se trompe. Comment savez-vous lorsque vous payez avec votre carte bleue en ligne, en donnant vos informations, que le site marchand est vraiment sécurisé, qu’il ne stocke pas vos informations bancaires et qu’elles ne se feront pas pirater par la suite ? Vous lui faites confiance pour qu’il dépense l’argent nécessaire pour sécuriser son site. Ce qui est certainement un peu risqué. Voilà pourquoi la sécurité sur Internet est un tel désastre ; nous faisons confiance à des sources qui peuvent être hackées, manipulées ou compromises. Et de plus en plus, nous leur faisons confiance pour gérer nos informations les plus personnelles et les évènements de nos vies.
La blockchain pourrait remédier à tous ces défauts. Avec cette technologie, il devient possible de créer un véritable enregistrement d’évènements déjà réalisés ou en cours de réalisation dans le monde digital. Et cela, sans compromettre la vie privée. Vous pouvez enregistrer le fait que l’évènement a eu lieu, et même qu’il s’est déroulé correctement, sans exposer des détails confidentiels à propos du sujet ou des parties prenantes impliquées.

Des applications encore à dessiner

Mais en fin de compte, le positif ici surpasse largement le négatif. Par exemple, une utilisation majeure et croissante du blockchain implique les « contrats intelligents » (voir notre article : Comprendre les smart contracts – exemples concrets). Vous pouvez vous appuyer sur un réseau décentralisé pour exécuter automatiquement des conditions définies à l’avance, sans révéler la moindre information confidentielle à propos des parties prenantes ou de la transaction. L’équipe d’Ethereum a construit un langage qui le permet. Les implications pour des deals transparents et en confiance sont tout simplement gigantesques.
On peut même voir plus grand : utilisons la blockchain pour les données médicales, les votes, les titres de propriété, les certificats de mariage, les poursuites judiciaires… In fine, chaque ensemble de données et chaque transaction digitale pourraient laisser une empreinte, en créant un audit du chemin parcouru par chaque événement digital au cours de l’Histoire, sans mettre en danger la vie privée des individus.

En ce sens, si le potentiel de la blockchain est exploité, cela introduirait un niveau de démocratie et de “vérité” objective dans le monde digital face auquel même le monde physique ne pourrait rivaliser.
Traduit et adaptation d’un article publié sur Recode, rédigé par Mike Gault (fondateur et PDG de Guardtime)

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